Va par les carrefours des places désolées
De l’emperière Rome, & sous les arcs bossés,
Et dans les temples saints à l’antique dressés,
Cherches des rois défunts les riches Mausolées,
Va sous les fondements des colonnes moulées,
Et parmi les meulons des Thermes abaissés,
Et sous les escaliers des Théâtres haussés,
Fouilles des vieux Censeurs les cendres écoulées.
Fauche parmi les os des simples laboureurs.
Les Consuls Justiciers, & les fiers Empereurs
Pêle-mêle sont mis sous la tombe fatale.
Voilà le vrai miroir où se doivent mirer
Ces cœurs ambitieux, pour y considérer
Que la mort aux plus grands les plus pauvres égale.
Le Mépris de la vie et consolation contre la mort, 1594
La licorne parcourt les plaines désolées ;
Le printemps est trop beau pour se mettre à bosser,
Aux auberges des dieux, les buffets sont dressés :
Je sens la bonne odeur des pommes rissolées.
Le bouddha du ciel d’or a pris son envolée,
Vers notre humble village il ne va s’abaisser
Avant que le tumulte, au marché, n’ait cessé ;
Je vois sa face au loin, de gloire auréolée.
Je vois le blanc centaure, un habile tireur,
Qui met tout son honneur à servir l’Empereur ;
Gardez-vous, mes amis, de sa flèche fatale.
Mais c’est au sorcier-coq d’être mieux admiré :
De ces quatre totems, le mieux considéré,
Étale au ciel d’argent sa chair monumentale.
Déposé par Cochonfucius le 13 juillet 2019 à 12h07
Jour de sécheresse
--------------------
Une flamme parcourt la steppe désolée
Sans jamais rencontrer muraille ni fossé ;
En ce sinistre lieu, nul arbre n’est dressé,
Plaine par les oiseaux rarement survolée.
Jadis furent ici des vaches immolées,
Qui durent vers l’autel leurs cornes abaisser ;
Cela nous rassurait, mais ce culte a cessé,
De sa gloire n’est plus l’idole auréolée.
Jadis venaient chasser de très nobles tireurs
Qui désiraient offrir leur chasse à l’Empereur ;
Et chacun se gardait de leurs flèches fatales.
Ils se sont endormis, ces héros admirés
Qui comme demis-dieux furent considérés,
Dont la tombe est ici, guère monumentale.