Pierre-Jean de Béranger


Les Quatre Âges historiques


 
 

Air : À soixante ans, il ne faut pas remettre


 
 
Société, vieux et sombre édifice,
Ta chute, hélas ! menace nos abris :
Tu vas crouler : point de flambeau qui puisse
Guider la foule à travers tes débris !
Où courons-nous ? quel sage, en proie au doute,
N’a sur son front vingt fois passé la main ?
C’est aux soleils d’être sûrs de leur route :
Dieu leur a dit : Voilà votre chemin.
 
Mais le passé nous dévoile un mystère.
Au bonheur, oui, l’homme a droit d’aspirer :
Par ses labeurs plus il étend la terre,
Plus son cerveau grandit pour l’enserrer.
En nation il vogue, nef immense,
Semer, bâtir aux rivages du temps.
Où l’une échoue une autre recommence.
Dieu nous a dit : Peuples, je vous attends.
 
Au premier âge, âge de la famille,
L’homme eut pour lois ses grossiers appétits.
Groupes épars, sous des toits de charmille,
Mâle et femelle abritaient leurs petits.
Ligués bientôt, les fils, tribu croissante,
Ont, dans un camp, bravé tigres et loups.
C’est au berceau la cité vagissante :
Dieu dit : Mortels, j’aurai pitié de vous.
 
Au second âge on chante la patrie,
Arbre fécond, mais qui croît dans le sang.
Tout peuple armé semble avoir sa furie
Qui foule aux pieds le vaincu gémissant.
À l’esclavage, eh quoi ! l’on s’accoutume !
Il corrompt tout ; les tyrans se font dieux.
Mais dans le ciel une lampe s’allume ;
Dieu dit alors : Humains, levez les yeux.
 
L’âge suivant, sur tant de mœurs contraires,
Religieux, élève un seul autel.
Sois libre, esclave. Hommes, vous êtes frères.
Comme ses rois le pauvre est immortel.
Sciences, lois, arts, commerce, industrie,
Tout naît pour tous ; les flots sont maîtrisés ;
La presse abat les murs de la patrie,
Et Dieu nous dit : Peuples, fraternisez.
 
Humanité, règne ! voici ton âge
Que nie en vain la voix des vieux échos.
Déjà les vents au bord le plus sauvage
De ta pensée ont semé quelques mots.
Paix au travail ! paix au sol qu’il féconde !
Que par l’amour les hommes soient unis ;
Plus près des deux qu’ils replacent le monde
Que Dieu nous dise : Enfants, je vous bénis.
 
Du genre humain saluons la famille !
Mais qu’ai-je dit ? pourquoi ce chant d’amour ?
Aux feux des camps le glaive encor scintille ;
Dans l’ombre à peine on voit poindre le jour.
Des nations aujourd’hui la première,
France, ouvre-leur un plus large destin.
Pour éveiller le monde à ta lumière,
Dieu t’a dit : Brille, étoile du matin.
 

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