Une froideur secrètement brûlante
Brûle mon corps, mon esprit, ma raison,
Comme la poix anime le tison
Par une ardeur lentement violente.
Mon cœur tiré d’une force alléchante
Dessous le joug d’une franche prison,
Boit à longs traits l’aigre-douce poison,
Qui tous mes sens heureusement enchante.
Le premier feu de mon moindre plaisir
Fait haleter mon altéré désir :
Puis de nos cœur la céleste Androgyne
Plus saintement vous oblige ma foi :
Car j’aime tant cela que j’imagine,
Que je ne puis aimer ce que je vois...
Œuvres de l’invention de l’auteur, 1552
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 5 novembre 2021 à 12h36
Trois dieux ichtyomorphes
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Au Père sont les profondeurs brûlantes,
Cet inframonde où périt la raison ;
Des fiers démons les sombres oraisons
Quand il est là se font moins virulentes.
Le Fils entend les vestales qui chantent,
Chacune sur le seuil de sa maison ;
Leurs douces voix sont une floraison
Apprivoisant les puissances méchantes.
L’Esprit-Poisson régit d’autres plaisirs,
Avec les trolls il plaisante à loisir ;
Cela fit rire un Empereur de Chine.
Les poissonniers, hommes de peu de foi,
Pour les piéger firent une machine ;
Mais ce ne fut qu’un système à la noix.