Souvent nous faisons tort nous-même’ à notre ouvrage,
Encor que nous soyons de ceux qui font le mieux :
Soit par trop quelquefois contrefaire les vieux,
Soit par trop imiter ceux qui sont de notre âge.
Nous ôtons bien souvent aux princes le courage
De nous faire du bien : nous rendant odieux,
Soit pour en demandant être trop ennuyeux,
Soit pour trop nous louant aux autres faire outrage.
Et puis nous nous plaignons de voir notre labeur
Veuf d’applaudissement, de grâce et de faveur,
Et de ce que chacun à son œuvre souhaite.
Bref, loue qui voudra son art et son métier,
Mais celui-là, Morel, n’est pas mauvais ouvrier,
Lequel, sans être fol, peut être bon poète.
Les Regrets, 1558
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 26 juillet 2018 à 20h08
Jardin et terrain vague
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La fleur, une surprise et non pas un ouvrage ;
Quand on a ce qu’on aime, on ne voudrait pas mieux,
Aimer ce que l’on a, c’est un plaisir de vieux;
Une des rares joies qu’on a dans le grand âge.
Nous admirons la fleur pour son noble courage
Dont elle fait la preuve en d’innombrables lieux .
Et, bien plus qu’un primate, elle est proche de Dieu,
Réparant de la vie l’irréparable outrage.
Et puis nous admirons cette fleur sans labeur
Qui sait bien se passer de grâce et de faveur,
Alors, par amitié, nous l’appelons «fleurette».
C’est une vocation, ce n’est pas un métier,
Je vous le dis ce soir, et vous vous en doutiez ;
D’aileurs, j’aime la fleur, car elle est ma soeurette.