Non autrement que la Prêtresse folle,
En grommelant d’une effroyable horreur,
Secoue en vain l’indomptable fureur
Du Cynthien, qui brusquement l’affole :
Mon estomac gros de ce Dieu qui vole,
Épouvanté d’une aveugle terreur
Se fait rebelle à la divine erreur,
Qui brouille ainsi mon sens, et ma parole.
Mais c’est en vain : car le Dieu, qui m’étreint,
De plus en plus m’aiguillonne et contraint
De le chanter, quoique mon cœur en gronde.
Chantez-le donc, chantez mieux que devant,
Ô vous mes vers ! qui volez par le monde,
Comme feuillards éparpillés du vent.
Extrémité de l’antique acropole,
Mur abritant Dieu sait quel empereur ;
Muraille sûre, et bâtie sans erreur,
As-tu valeur, à nos yeux, de symbole ?
Nous t’admirons, sous le grand ciel où vole
Un ange qui, loin d’être un discoureur,
En silence oeuvre, invisible doreur,
Lissant ce mur, sans dire une parole.
Mais d’où lui vient le zèle qui l’étreint ?
Au long labeur, nul dieu ne le contraint,
Craindrait-il donc un vain peuple qui gronde ?
Regardons-le, cet ange, dans le vent;
On dirait bien qu’il rend le mur vivant,
Noyé qu’il est dans son oubli dumonde !
Déposé par Cochonfucius le 26 juillet 2021 à 12h02
Presque un ange
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Près du ruisseau poussent des herbes folles,
Je crois y voir un elfe bagarreur ;
Puis je comprends qu’il s’agit d’une erreur,
Ça se produit dès lors qu’on extrapole.
Près du cours d’eau la libellule vole,
Elfe non point, mais ange dévoreur ;
Nous la voyons chasser en franc-tireur,
De liberté c’est un heureux symbole.
Que j’aimerais posséder son entrain !
Mais par mon poids mes gestes sont contraints,
Je ne pourrai jamais planer sur l’onde.
La libellule est portée par le vent
Qui rafraîchit, dans le soleil levant,
Son coeur vibrant de la beauté du monde.