Paradis des Albatros / «La nef qui longuement a voyagé, Dillier...»

Du Bellay

(1522-1560)

D’autrеs pоèmеs :

Ν’étаnt dе mеs еnnuis lа fоrtunе аssоuviе...

J’аimе lа libеrté, еt lаnguis еn sеrviсе...

Jе mе fеrаi sаvаnt еn lа philоsоphiе...

Hеurеuх qui, соmmе Ulуssе, а fаit un bеаu vоуаgе...

Сеpеndаnt quе Μаgnу suit sоn grаnd Αvаnsоn...

Frаnсе, mèrе dеs аrts, dеs аrmеs еt dеs lоis...

Lаs, оù еst mаintеnаnt се mépris dе fоrtunе ?...

оu еncоrе :

Dе grаnd bеаuté mа Déеssе еst si plеinе...

Ô bеаuх сhеvеuх d’аrgеnt mignоnnеmеnt rеtоrs !...

Сеnt fоis plus qu’à lоuеr оn sе plаît à médirе...

Vоiсi lе саrnаvаl, mеnоns сhасun lа siеnnе...

Соmmе l’оn vоit dе lоin sur lа mеr соurrоuсéе...

Соntrе lеs еnviеuх

La nef qui longuement a voyagé, Dillier,
Dedans le sein du port à la fin on la serre :
Et le bœuf, qui longtemps a renversé la terre,
Le bouvier à la fin lui ôte le collier :

Le vieux cheval se voit à la fin délier,
Pour ne perdre l’haleine ou quelque honte acquerre :
Et pour se reposer du travail de la guerre,
Se retire à la fin le vieillard chevalier :

Mais moi, qui jusqu’ici n’ai prouvé que la peine,
La peine et le malheur d’une espérance vaine,
La douleur, le souci, les regrets, les ennuis,

Je vieillis peu à peu sur l’onde ausonienne,
Et si n’espère point, quelque bien qui m’advienne,
De sortir jamais hors des travaux où je suis.

Commentaire (s)

Déposé par Cochonfucius le 16 octobre 2019 à 11h43

Nef des moines cénobites
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Cette nef est chargée de moines cordeliers
Qui franchissent la mer, tels de nobles corsaires ;
Je les vois naviguer vers de nouvelles terres
Où d’étranges oiseaux survolent les halliers.

Veuille les accueillir, rivage hospitalier,
Ce sont des visiteurs, et non des adversaires ;
Car les moines jamais ne sont fauteurs de guerre,
Même s’ils sont vaillants comme des chevaliers.

Ne crois pas qu’ils sont là pour une vie sans peine
Ou que l’abbé convoite une richesse vaine ;
Ils seront vertueux, le jour comme la nuit.

Abreuve de bon vin la troupe franciscaine
Qui plus ne reverra la terre armoricaine ;
Propose-leur aussi l’eau de ton meilleur puits.