Du Bellay

Les Regrets, 1558



Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
 
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
 
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,
 
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 18 janvier 2013 à 13h02

Heureux qui, comme une huître, oncques ne fait voyage,
Et n’a plume sur soi, pelage ni toison,
Et n’ayant de cerveau est pleine de raison
Qu’elle use oisivement tout au long de son âge.

Car les huîtres n’ont pas de bourg ni de village,
N’allument cheminée en aucune saison,
N’habitent aucun clos ni aucune maison,
Ni aucune province ou fief, place ou baillage.

Plus leur plaît leur séjour au couvercle ingénieux
Que des logis humains le style prétentieux,
Plus leur calcaire dur qu’architecture fine,

Plus l’île d’Oléron que le Quartier Latin,
Plus leur silence frais que tous nos baratins,
Et plus leur lieu marin qu’une boîte à sardines.

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Déposé par Christian le 18 janvier 2013 à 13h17

Excellent, je vais essayer de me mettre à cette ostriécole :)

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Déposé par tizef le 12 mars 2015 à 09h30

Jojo, de Plougastel, au cours de son voyage,
N’avait pas pris le temps de tondre sa toison.
Il draguait l’italienne. Il avait bien raison
De profiter ainsi des atouts du bel âge.

Et c’est fort chevelu qu’il revint au village.
« Sais-tu que les beatniks sont passés de saison ?
Lui fit-on remarquer au seuil de sa maison. »
Pour le désarçonner il en faut davantage.

« Je reprends le flambeau qu’ont laissé mes aïeux.
– C’est tout à ton honneur, mais fort audacieux,
La mode est aux tondus. – Vous me la baillez fine :

Le look gaulois séduit au pays du latin.
J’ai chaviré les coeurs sur le mont Palatin.
– Allons arroser ça chez Mimi l’angevine. »

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Déposé par Cochonfucius le 17 août 2020 à 11h57

Lutins de Castelgoupil
---------------

Les lutins ont bâti un château qui voyage
Sur le dos d’un goupil à la rousse toison ;
Ce placide animal se fait une raison,
Car les emportements ne sont plus de son âge.

Ils vont par les chemins, évitant les villages,
Grignotant le matin quelques fruits de saison ;
Les lutins sont heureux dans leur belle maison,
Car le dos d’un goupil est plus chaud qu’un dallage.

Ils ont pu visiter d’incomparables lieux,
Une friche qui pousse à la grâce de Dieu
Et la prairie ou croît une frêle aubépine.

Personne en ce manoir ne sait parler latin,
Ni même prononcer l’Angelus du matin ;
Le Soleil leur sourit, la Lune est leur copine.

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Déposé par Cochonfucius le 28 mai 2023 à 11h53

Costume de calcaire
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Dans l’herbe un escargot voyage
Vers d’assez proches horizons ;
Il va sans hâte, il a raison,
Il ne court pas comme un sauvage.

Il traverse un plaisant herbage,
Bien verdoyant pour la saison ;
Il porte sur lui sa maison,
Mais il n’a pas d’autres bagages.

Il n’est pas jeune, il n’est pas vieux,
Ce monde est plaisant à ses yeux ;
Il sourit sous une pluie fine.

Il se lève tôt le matin,
Comme font les bénédictins ;
Il ne chante point les Matines.

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