Dessous ce grand François, dont le bel astre luit
Au plus beau lieu du ciel, la France fut enceinte
Des lettres et des arts, et d’une troupe sainte
Que depuis sous Henri féconde elle a produit :
Mais elle n’eut plutôt fait montre d’un tel fruit,
Et plutôt ce beau part n’eut la lumière atteinte,
Que je ne sais comment sa clarté fut éteinte,
Et vit en même temps et son jour et sa nuit.
Hélicon est tari, Parnasse est une plaine,
Les lauriers sont séchés, et France, autrefois pleine
De l’esprit d’Apollon, ne l’est plus que de Mars.
Phoebus s’enfuit de nous, et l’antique ignorance
Sous la faveur de Mars retourne encore en France,
Si Pallas ne défend les lettres et les arts.
Sur la table du mage est un trésor qui luit ;
De la corne, en effet, la force n’est pas feinte,
Qui semble provenir d’une licorne sainte
Et qui dans ce manoir l’abondance a produit.
On peut même en tirer de remarquables fruits,
Qui sans cette magie seraient tous hors d’atteinte ;
De longtemps ne sera cette puissance éteinte,
Qui embellit le jour et adoucit la nuit.
Plus de blé qu’il n’en pousse en une vaste plaine,
Le sorcier le récolte, une grange en est pleine,
Et d’autres provisions occupent le cellier.
Sur son mode d’emploi, je suis dans l’ignorance,
Et le sont, paraît-il, tous les chercheurs en France ;
Sauf un obscur vieillard, un moine cordelier.
Sur le champ de bataille un étrange astre luit,
Inspirant aux soldats de l’espoir ou des craintes ;
Comme des malheureux perdus au labyrinthe,
Leurs esprits désarmés sentent venir la nuit.
Le duc nous dit que c’est un présage pour lui,
Porté par une fée ou bien par une sainte
Qui est sans doute Iris, de son écharpe ceinte,
Venant nous annoncer la fin de nos ennuis.
Arrivés par la mer, déployés en la plaine,
Comme les guerriers grecs venus reprendre Hélène,
Du roi nous pillerons la chambre et le cellier.
Des témoins de la chose éclairons l’ignorance :
La Normandie n’est point vassale de la France,
Pas plus que des agneaux n’est vassal le bélier.