Baudelaire

[premier manuscrit du Vin des Chiffonniers]


Le Vin des Chiffonniers


 
Au fond de ces quartiers sombres et tortueux,
Où vivent par milliers des ménages frileux,
Parfois, à la clarté sombre des réverbères,
Que le vent de la nuit tourmente dans leurs verres
On voit un chiffonnier qui revient de travers,
Se cognant, se heurtant, comme un faiseur de vers,
Et libre, sans souci des patrouilles funèbres,
Seul épanche son âme au milieu des ténèbres.
 
Un régiment se meut à ses regards trompés,
Et lui, jette aux échos des mots entrecoupés,
Tels que ceux que vaincu par la mort triomphante
L’Empereur exhalait de sa gorge expirante.
 
Oui, ces gens tout voûtés sous le poids des débris
Et des fumiers infects que rejette Paris,
Harassés et chargés de chagrins de ménage,
Moulus par le travail et tourmentés par l’âge,
Ont une heure nocturne, où pleins d’illusions,
Et l’esprit éclairé d’étranges visions,
Ils s’en vont, parfumés d’une odeur de futailles,
Commandant une armée et gagnant des batailles,
Et jurant qu’ils rendront toujours leur peuple heureux.
Mais nul n’a jamais vu les hauts faits glorieux,
Les triomphes bruyants, les fêtes solemnelles,
Qui s’allument alors au fond de leurs cervelles,
Plus belles que les Rois n’en rêveront jamais.
 
C’est ainsi que le vin règne par ses bienfaits,
Et chante ses exploits par le gosier de l’homme.
Grandeur de la bonté de Celui que tout nomme,
Qui nous avait déjà donné le doux Sommeil,
Et voulut ajouter le Vin, fils du Soleil,
Pour réchauffer le cœur et calmer la souffrance
De tous les malheureux qui meurent en silence.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 23 mai 2016 à 18h18

Jardin des olivers
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La lune éclaire mal les sentiers tortueux ;
Un figuier, au jardin, se dresse, infructueux.
Quelques bicoqs saluent le Maître qu’ils révèrent,
Mais on sent qu’il n’est pas ici pour boire un verre.

Disciples endormis juste après leur souper,
Frileusement au parc, allongés, regroupés,
Car, dans leurs rangs, n’est point de vaillant Saint Christophe
Qui les aide à veiller avant la catastrophe.

Le fils du charpentier les laisse à leur sommeil,
Il ira leur parler au lever du soleil ;
Il ne peut avec eux partager sa souffrance,
Mais ne veut pas, non plus, la passer sous silence.

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Déposé par Cochonfucius le 24 mai 2016 à 16h51

"oliviers" dans le titre.

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