Apollinaire

Poèmes à Lou


En allant chercher des obus


 
Toi qui précèdes le long convoi qui marche au pas
Dans la nuit claire
Les testicules pleins, le cerveau tout empli d’images neuves
Le sergent des riz pain sel qui jette l’épervier dans le canal bordé de tilleuls
L’âme exquise de la plus Jolie me parvient dans l’odeur soudaine des lilas qui déjà tendent à défleurir dans les jardins abandonnés
 
 

*


 
Des Bobosses poudreux reviennent des tranchées blanches comme les bras de l’Amour
 
 

*


 
Je rêve de t’avoir nuit et jour dans mes bras
Je respire ton âme à l’odeur des lilas
 
 

*               


 
Ô Portes de ton corps
Elles sont neuf et je les ai toutes ouvertes
Ô Portes de ton corps
Elles sont neuf et pour moi se sont toutes refermées
 
À la première porte
La raison claire est morte
C’était t’en souviens-tu le premier jour à Nice
Ton œil de gauche ainsi qu’une couleuvre glisse
Jusqu’à mon cœur
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de gauche
 
À la seconde porte
Toute ma force est morte
C’était t’en souviens-tu dans une auberge à Cagnes
Ton œil de droite palpitait comme mon cœur
Tes paupières battent comme dans la brise battent les fleurs
Et que se rouvre encore la porte de ton regard de droite
 
À la troisième porte
Entends battre l’aorte
Et toutes mes artères gonflées par ton seul amour
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de gauche
 
À la quatrième porte
Tous les printemps m’escortent
Et l’oreille tendue entends du bois joli
Monter cette chanson de l’amour et des nids
Si triste pour les soldats qui sont en guerre
Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de droite
 
À la cinquième porte
C’est ma vie que je t’apporte
C’était t’en souviens-tu dans le train qui revenait de Grasse
Et dans l’ombre tout près tout bas
Ta bouche me disait
Des mots de damnation si pervers et si tendres
Que je me demande ô mon âme blessée
Comment alors j’ai pu sans mourir les entendre
Ô mots si doux si forts que quand j’y pense il me semble que je les touche
Et que s’ouvre encore la porte de ta bouche
 
À la sixième porte
Ta gestation de putréfaction ô Guerre avorte
Voici tous les printemps avec leurs fleurs
Voici les cathédrales avec leur encens
Voici tes aisselles avec leur divine odeur
Et tes lettres parfumées que je sens
Pendant les heures
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de gauche
 
À la septième porte
Ô parfums du passé que le courant d’air emporte
Les effluves salins donnaient à tes lèvres le goût de la mer
Odeur marine odeur d’amour sous nos fenêtres mourait la mer
Et l’odeur des orangers t’enveloppait d’amour
Tandis que dans mes bras tu te pelotonnais
Quiète et coite
Et que se rouvre encore la porte de ta narine de droite
 
À la huitième porte
Deux anges joufflus veillent sur les roses tremblantes qui supportent
Le ciel exquis de ta taille élastique
Et me voici armé d’un fouet fait de rayons de lune
Les amours couronnés de jacinthe arrivent en troupe
Et que se rouvre encore la porte de ta croupe
 
À la neuvième porte
Il faut que l’amour même en sorte
Vie de la vie
Je me joins à toi pour l’éternité
Et par l’amour parfait et sans colère
Nous arriverons dans la passion pure ou perverse
Selon ce qu’on voudra
À tout savoir à tout voir à tout entendre
Je me suis renoncé dans le secret profond de ton amour
Ô porte ombreuse ô porte de corail vivant
Entre les deux colonnes de perfection
Et que se rouvre encore la porte que tes mains savent si bien ouvrir
 

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