Villon

(1431 ?-ca. 1470)

Le Testament

(1461)

Εn l’аn trеntièmе dе mоn âgе...

Βаllаdе [dеs dаmеs du tеmps јаdis]

Βаllаdе [dеs sеignеurs du tеmps јаdis]

Βаllаdе [еn viеil lаngаgе frаnçаis]

Ρuisquе pаpеs, rоis, fils dе rоis...

[Lеs Rеgrеts dе lа bеllе Hëаumièrе]

Βаllаdе [dе lа bеllе Hëаumièrе аuх fillеs dе јоiе]

Сеttе lеçоn iсi lеur bаillе...

Dоublе bаllаdе : Ρоur се, аimеz tаnt quе vоudrеz...

Së сеllе quе јаdis sеrvоуе...

Αu nоm dе Diеu, соmmе ј’аi dit...

[Βаllаdе pоur priеr Νоtrе Dаmе]

Ιtеm, m’аmоur, mа сhèrе Rоsе...

[Βаllаdе à s’аmiе]

Ιtеm, à mаîtrе Ythiеr Μаrсhаnt...

Rоndеаu : Μоrt, ј’аppеllе dе tа riguеur...

Ιtеm, à mаîtrе Jеаn Соrnu...

Βаllаdе [еt оrаisоn]

Ιtеm, vеuil quе lе јеunе Μеrlе...

Βаllаdе [pоur Rоbеrt d’Εstоutеvillе]

Ιtеm, à sirе Jеаn Ρеrdriеr...

Βаllаdе : Εn réаlgаr, еn аrsеniс rосhеr...

Ιtеm, à mаistrе Αndrу Соurаut...

Βаllаdе [Lеs Соntrеdits dе Frаnс Gоntiеr]

Ιtеm, pоur се quе sаit lа Βiblе...

Βаllаdе [dеs Fеmmеs dе Ρаris]

Rеgаrdе-m’еn dеuх, trоis, аssisеs...

Βаllаdе [dе lа Grоssе Μаrgоt]

Ιtеm, а Μаriоn l’Ιdоlе...

[Βеllе lеçоn аuх еnfаnts pеrdus]

Βаllаdе [dе bоnnе dосtrinе]

À vоus pаrlе, соmpаins dе gаllеs...

Rоndеаu оu Βеrgеrоnnеttе

Ιtеm, dоnnе à mаistrе Lоmеr...

[Épitаphе]

Rоndеаu : Rеpоs étеrnеl dоnnе à сil...

Ιtеm, је vеuil qu’оn sоnnе à brаnlе...

[Βаllаdе dе mеrсi]

Αutrе bаllаdе [dе соnсlusiоn]

 

Villon

Le Testament, 1461



 
55
 
Së celle que jadis servoie
De si bon cœur et loyaument,
Dont tant de maux et griefs j’avoie,
Et souffroye tant de tourment,
Së dit m’eût, au commencement,
Sa volonté (mais nenni, las !),
J’eusse mis peine aucunement
De moi retraire de ses lacs.
 
56
 
Quoi que je lui vousisse dire,
Elle était prête d’écouter,
Sans m’accorder në contredire ;
Qui plus, me souffrait acouter,
Joignant d’elle, près sacouter ;
Et ainsi m’allait amusant,
Et me souffrait tout raconter,
Mais ce n’était qu’en m’abusant.
 
57
 
Abusé m’a et fait entendre
Toujours d’un que ce fût un autre,
De farine, que ce fût cendre ;
D’un mortier, un chapeau de fautre ;
De vieil mâchefer, que fût peautre ;
D’ambesars, que c’étaiënt ternes...
Toujours trompait ou moi ou autre
Et rend vessiës pour lanternes ;
 
59
 
Du ciel, un poêle d’airain ;
Des nuës, une peau de veau ;
Du matin, qu’était le serein ;
D’un trognon de chou, un naveau ;
D’orde cervoise, vin nouveau ;
D’une truie, un moulin à vent ;
Et d’une hart, un écheveau ;
D’un gras abbé, un poursuivant.
 
59
 
Ainsi m’ont Amours abusé,
Et pourmené de l’huis au pêle.
Je crois qu’homme n’est si rusé,
Fût fin comme argent de coupelle,
Qui n’y laissât linge, drapelle ;
Mais qu’il fut ainsi manié
Comme moi, qui partout m’appelle :
L’amant remis et renié.
 
60
 
Je renie Amours et dépite
Et défie à feu et à sang.
Mort par elles me précipite,
Et ne leur en chaut pas d’un blanc.
Ma vielle ai mis sous le banc ;
Amants je ne suivrai jamais ;
Si jadis je fus de leur rang,
Je déclare que n’en suis mais.
 
61
 
Car j’ai mis le plumail au vent :
Or le suive qui a attente ;
De ce me tais dorénavant,
Poursuivre je veuil mon entente.
Et, s’aucun m’interroge ou tente
Comment d’Amour j’ose médire,
Cette parole le contente :
« Qui meurt, a ses lois de tout dire ».
 
62
 
Je connais approcher ma seuf ;
Je crache, blanc comme coton,
Jacopins gros comme un éteuf ;
Qu’est-ce à dire ? Que Jeanneton
Plus ne me tient pour valeton,
Mais pour un vieil usé roquard...
De vieil porte voix et le ton,
Et ne suis qu’un jeune coquard.
 
63
 
Dieu merci et Tacque Thibaut,
Qui tant d’eau froide m’a fait boire,
En un bas, non pas, en un haut,
Manger d’angoisse mainte poire,
Enserré... Quand j’en ai mémoire,
Je pri pour lui et reliqua,
Que Dieu lui doint... et voire, voire,
Ce que je pense... et cetera.
 
64
 
Toutefois, je n’y pense mal,
Pour lui, et pour son lieutenant,
Aussi pour son official,
Qui est plaisant et avenant ;
Que faire n’ai du remenant,
Mais du petit maître Robert ?...
Je les aime tout d’un tenant
Ainsi que fait Dieu le Lombard.
 
65
 
Si me souvient, à mon avis,
Que je fis à mon parlement
Certains lais, l’an cinquante-six,
Qu’aucuns, sans mon consentement.
Voulurent nommer Testament :
Leur plaisir fut, et non le mien :
Mais quoi ? On dit communément
Un chacun n’est maître du sien.
 
67
 
Pour le révoquer ne le dis,
Et y courût toute ma terre,
De pitié ne suis refroidis
Envers le Bâtard de la Barre :
Parmi ses trois gluyons de feurre,
Je lui donne mes vieilles nattes ;
Bonnes seront pour tenir serre,
Et soi soutenir sur ses pattes.
 
66
 
S’ainsi était qu’aucun n’eût pas
Reçu les lais que je lui mande,
J’ordonne qu’après mon trépas
À mes hoirs on fasse demande ;
Et qui sont-ils ? S’il le demande :
Moreau, Provins, Robin Turgis ;
De moi, dites que je leur mande,
Ont eu jusqu’au lit où je gis.
 
68
 
Somme, plus ne dirai qu’un mot,
Car commencer veuil à tester :
Devant mon clerc Fremin, qui m’ot
(S’il ne dort), je veuil protester
Que n’entends hommes détester.
En cette présente Ordonnance,
Et ne la veuil manifester
Sinon au royaume de France.
 
69
 
Je sens mon cœur qui s’affaiblit,
Et plus je ne puis papier.
Fremin, sied-toi près de mon lit ;
Que l’on ne m’y vienne épier !
Prends encre tôt, plume et papier,
Ce que nomme écris vitement,
Puis fais-le partout copier,
Et voici le commencement.
 
70
 
Au nom de Dieu Père éternel,
Et du Fils que Vierge parit,
Dieu au Père coéternel,
Ensemble et le Saint-Esperit,
Qui sauva ce qu’Adam périt,
Et du péri pare ses Cieux...
Qui bien ce croit, peu ne mérit :
Gens morts être faits petits dieux.
 
71
 
Morts étoyent, et corps et âmes,
En damnéë perdition ;
Corps pourris et âmes en flammes,
De quelconque condition ;
Toutefois, fais exception
Des patriarches et prophètes ;
Car, selon ma conception,
Oncques grand chaud n’eurent aux fesses.
 
72
 
Qui me dirait : « Qui vous fait mettre
Si très avant cette parole,
Qui n’êtes en théologie maître ?
À vous est présomption folle. »
C’est de Jésus la parabole
Touchant le Riche enseveli
En feu, non pas en couche molle
Et du Ladre au dessus li.
 
73
 
Së du Ladre eût vu le doigt ardre,
Jà n’en eût requis réfrigère,
N’au bout d’icelui doigt aherdre,
Pour rafraîchir sa mâchouère.
Pions y feront mate chère,
Qui boivent pourpoint et chemise.
Puisque boiture y est si chère,
Dieu nous garde de la mainmise !
 

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