Soit qu’un sage amoureux, ou soit qu’un sot me lise,
Il ne doit s’ébahir, voyant mon chef grison,
Si je chante d’amour : volontiers le tison
Cache un germe de feu sous une cendre grise.
Le bois vert à grand peine en le soufflant s’attise,
Le sec sans le souffler brûle en toute saison.
La Lune se gagna d’une blanche toison,
Et son vieillard Thiton l’Aurore ne méprise.
Lecteur, je ne veux être écolier de Platon,
Qui la vertu nous prêche, et ne fait pas de même :
Ni volontaire Icare, ou lourdaud Phaëton,
Perdus pour attenter une sottise extrême :
Mais sans me contrefaire ou Voleur, ou Charton,
De mon gré je me noie, et me brûle moi-même.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 26 janvier 2019 à 14h20
Manoir girondin
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Au manoir girondin sont des scribes qui lisent,
Passant en ce plaisir l’hivernale saison ;
Buvant un peu de vin, se chauffant aux tisons,
Faisant fort peu de cas de leur matière grise.
Ils écrivent un peu, ils disent des bêtises,
De blasons éclatants ils ornent la maison ;
En la cuisine sont des gâteaux à foison,
Ce que, me semble-t-il, aucun d’eux ne méprise.
Ils ne sont certes pas successeurs de Platon
Ni ne nul grand penseur, mais des bardes qu’ils aiment,
Et pleins de bienveillance envers les marmitons.
Jamais il ne voudront d’une sagesse extrême :
Largement leur suffit l’amour de Margoton
Et aussi, certains jours, du petit chat lui-même.