Pour voir d’autres beautés mon désir ne s’apaise,
Tant du premier assaut vos yeux m’ont surmonté :
Toujours à l’entour d’eux vole ma volonté,
Yeux qui versent en l’âme une si chaude braise.
Mais vous embellissez de me voir à malaise,
Tigre, roche de mer, la même cruauté,
Comme ayant le dédain si joint à la beauté,
Que de plaire à quelqu’un semble qu’il vous déplaise.
Déjà par longue usance aimer je ne saurais
Sinon vous, qui sans pair à soi-même ressemble.
Si je changeais d’amour, de douleur je mourrais.
Seulement quand je pense au changement, je tremble :
Car tant dedans mon cœur toute je vous reçois,
Que d’aimer autre part c’est haïr, ce me semble.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 23 juillet 2022 à 14h45
Sagesse de l’ambitigre
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C’est un grand érudit, maître de l’exégèse,
Il sait toujours comment aux sources remonter ;
Les récits de jadis, il peut les raconter,
À l’école déjà je le trouvais balèze.
Il commente à loisir la poésie anglaise,
De chaque oeuvre tragique il voit les bons côtés ;
Même, du coq à l’âne il s’amuse à sauter,
Mêlant habilement la thèse et l’antithèse.
Quand il fut amoureux, sa plume s’égarait,
Car en de tels instants l’esprit se désassemble ;
Il n’a plus ce problème, à ce qu’il me paraît.
Il fait ce qu’il préfère et ce qui bon lui semble ;
Je l’entendis souvent qui des blagues narrait
Pour une tavernière, ils en ont ri ensemble.