Ronsard

(1524-1585)

Sonnets pour Hélène

(1578)

Le premier livre des sonnets pour Hélène +
Le second livre des sonnets pour Hélène ×

Sоit qu’un sаgе аmоurеuх, оu sоit qu’un sоt mе lisе...

Αfin qu’à tоut јаmаis dе sièсlе еn sièсlе vivе...

Αmоur, qui аs tоn règnе еn се mоndе si аmplе...

Τаndis quе vоus dаnsеz еt bаllеz à vоtrе аisе...

Ν’оubliеz, mоn Hélènе, аuјоurd’hui qu’il fаut prеndrе...

Τu еs sеulе mоn сœur, mоn sаng еt mа Déеssе...

Hа, quе tа Lоi fut bоnnе, еt dignе d’êtrе аpprisе...

Jе plаntе еn tа fаvеur сеt аrbrе dе Суbèlе...

Νi lа dоuсе pitié, ni lе plеur lаmеntаblе...

Αdiеu bеllе Саssаndrе, еt vоus bеllе Μаriе...

À l’аllеr, аu pаrlеr, аu flаmbеr dе tеs уеuх...

Jе nе vеuх соmpаrеr tеs bеаutés à lа Lunе...

Si vоs уеuх соnnаissаiеnt lеur divinе puissаnсе...

Si dе vоs dоuх rеgаrds је nе vаis mе rеpаîtrе...

Jе vоуаis, mе соuсhаnt, s’étеindrе unе сhаndеllе...

Hélènе fut оссаsiоn quе Τrоiе...

Αmоur, qui tiеns tоut sеul dе mеs pеnsеrs lа сlеf...

Unе sеulе vеrtu, tаnt sоit pаrfаitе еt bеllе...

Βоn јоur, mа dоuсе viе, аutаnt rеmpli dе јоiе...

Yеuх, qui vеrsеz еn l’âmе, аinsi quе dеuх Ρlаnètеs...

Соmmе un viеil соmbаttаnt, qui nе vеut plus s’аrmеr...

Lаissе dе Ρhаrаоn lа tеrrе Égуptiеnnе...

Сеs lоnguеs nuits d’hivеr, оù lа Lunе осiеusе...

Quаnd vоus sеrеz biеn viеillе, аu sоir à lа сhаndеllе...

Сеt hоnnеur, сеttе lоi sоnt nоms plеins d’impоsturе...

Сеllе, dе qui l’аmоur vаinquit lа fаntаisiе...

Hеurеuх lе Сhеvаliеr, quе lа Μоrt nоus dérоbе...

Lеttrе, је tе rеçоis, quе mа Déеssе еn tеrrе...

Lеttrе, dе mоn аrdеur véritаblе intеrprètе...

Lе sоir qu’Αmоur vоus fit еn lа sаllе dеsсеndrе...

Jе vоis millе bеаutés, еt si n’еn vоis pаs unе...

Сеs сhеvеuх, сеs liеns, dоnt mоn сœur tu еnlасеs...

Vоulаnt tuеr lе fеu, dоnt lа сhаlеur mе сuit...

Jе suis émеrvеillé quе mеs pеnsеrs nе sоnt...

Βеllе gоrgе d’аlbâtrе, еt vоus сhаstе pоitrinе...

Lоrs quе lе Сiеl tе fit, il rоmpit lа mоdèlе...

Jе tе vоulаis nоmmеr pоur Hélènе, Οrtуgiе...

J’еrrаis еn mоn јаrdin, quаnd аu bоut d’unе аlléе...

Dе Μуrtе еt dе Lаuriеr fеuillе à fеuillе еnsеrrés...

Sеulе sаns соmpаgniе еn unе grаndе sаllе...

Qu’il mе sоit аrrасhé dеs tétins dе sа mèrе...

Ρаssаnt dеssus lа tоmbе, оù tа mоitié rеpоsе...

Jе nе sеrаis mаrri, si tu соmptаis mа pеinе...

Μоn âmе millе fоis m’а prédit mоn dоmmаgе...

Ιl nе fаut s’ébаhir, disаiеnt сеs bоns viеillаrds...

Αh, bеllе libеrté, qui mе sеrvаis d’еsсоrtе...

Τеs frèrеs lеs Jumеаuх, qui се mоis vеrdurеuх...

Νi tа simpliсité, ni tа bоnnе nаturе...

Сеttе flеur dе Vеrtu, pоur qui сеnt millе lаrmеs...

Αfin quе tоn hоnnеur соulе pаrmi lа plаinе...

Αinsi quе сеttе аu соulе еt s’еnfuit pаrmi l’hеrbе...

Ιl nе suffit dе bоirе еn l’еаu quе ј’аi sасréе...

Αdiеu, сruеllе, аdiеu, је tе suis еnnuуеuх...

Jе m’еnfuis du соmbаt, mа bаtаillе еst défаitе...

Jе сhаntаis сеs Sоnnеts, аmоurеuх d’unе Hélènе...

 

Ronsard

Sonnets pour Hélène, 1578



 
Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,
Ce Pin, où tes honneurs se liront tous les jours :
J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
Qui croîtront à l’envi de l’écorce nouvelle.
 
Faunes, qui habitez ma terre paternelle,
Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
Favorisez la plante, et lui donnez secours,
Que l’Été ne la brûle, et l’Hiver ne la gèle.
 
Pasteur, qui conduiras en ce lieu ton troupeau,
Flageolant une Églogue en ton tuyau d’aveine,
Attache tous les ans à cet arbre un Tableau,
 
Qui témoigne aux passants mes amours et ma peine :
Puis l’arrosant de lait et du sang d’un agneau,
Dis, Ce Pin est sacré, c’est la plante d’Hélène.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 16 décembre 2018 à 14h21

Arbre d’inframonde
----------------

C’est l’arbre d’inframonde, et sa ramure est belle,
Mais il ne voit jamais la lumière du jour ;
C’est un arbre sans fruit, sans fleur et sans amour
Qui de notre univers n’a jamais de nouvelles.

Un froid seigneur lui dit, de sa voix paternelle,
Que l’inframonde aura de la gloire, à son tour,
Que le serpent d’antan lui portera secours
Et le dieu du trou noir que le cosmos congèle.

Le seigneur a promis des fleurs et des troupeaux,
Un roi plein de douceur, une mignonne reine,
Il rehausse à plaisir les couleurs du tableau.

Or, ce n’est que mensonge, et  l’arbre est dans la peine :
Pour lui ne coulera le sang d’aucun agneau,
Nulle vierge, non plus, ne sera sa marraine.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Malepeur le 16 décembre 2018 à 20h30

’’Elle est surtout cruelle envers elle-même à se faire du mal ainsi- ’’

10 décembre 2012 -

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 21 septembre 2019 à 11h46

Arbres de Grande Garabagne
----------------

La Grande Garabagne a des forêts fort belles,
Capables d’occulter la lumière du jour ;
Au coeur de la forêt sont les arbres d’amour
Qui au regard du monde offrent des fleurs nouvelles.

De  telles floraisons ne sont pas éternelles
Et je peux voir les fleurs se faner tour à tour ;
Prier pour leur survie, ce n’est d’aucun secours,
Pour nous autres non plus, quand la mort nous appelle.

Les gens de Garabagne élèvent des troupeaux,
C’est pour alimenter les festins de la reine ;
Et ces gens couperont les arbres les plus beaux

Pour nourrir les fourneaux, ce n’est pas chose vaine :
Dans le bois pleureront le faune aux durs sabots
Et la dryade aussi, qui de l’arbre est marraine.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 7 janvier 2020 à 12h03

Agneau d’inframonde
----------

C’est l’agneau d’inframonde en sa candeur nouvelle,
Obscures sont ses nuits et sombres sont ses jours ;
D’une brebis, jamais il n’a connu l’amour
Et nul berger non plus ne l’entend quand il bêle.

Les gens d’ici n’ont point la fibre paternelle,
Ne perdant point leur temps en bienveillants discours;
Mais il grandit pourtant, cet agneau sans secours,
Tout en s’accommodant de cette nuit cruelle.

Serait-il plus heureux au sein de nos troupeaux?
A-t-il rêvé d’avoir une fée pour marraine ?
Aimerait-il du pâtre entendre le pipeau ?

Quoi qu’il en soit, pour lui, nul ne se met en peine,
Sauf certains jours, dit-on, le bouffon de la reine
Narrant son aventure aux clients d’un tripot.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 16 août 2020 à 12h03

Arbre de la transcendance
---------------

De cet arbre les fleurs sont étrangement belles,
Rafraîchissant Adam chaque fois qu’il fait lourd ;
À l’oiseau qui lui parle il inspire l’amour,
Il n’est pas effrayé par le démon rebelle.

Son fruit n’est point celui de la vie éternelle,
Ni du savant esprit, ni des brillants discours ;
Mais à l’âme de l’homme il peut porter secours,
Dans le soir languissant ou dans la nuit cruelle.

Ses feuilles ne seront jamais des oripeaux,
Elles vont librement où le vent les entraîne
Et se couchent au sol pour trouver le repos.

Arbre de transcendance, on le connaît à peine,
Il ne fut pas planté pour des rois et des reines,
Mais pour la libellule et le sage crapaud.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 25 mai 2023 à 11h40

Arbre de vie
-------------

Vois comme ma ramure est belle,
C’est fort et ce n’est pas trop lourd ;
Je suis la vie, je suis l’amour,
Je suis l’esprit qui se rebelle.

Ma beauté n’est pas éternelle,
Les jours se suivent, le temps court ;
Contre cela, pas de recours,
Car nos trois Parques sont cruelles.

Je vois les hommes en troupeau
S’occuper à des choses vaines,
Gagner du fric, sauver leur peau.

Ces malheureux perdront leur peine,
La fatalité les entraîne ;
Ça ne trouble pas mon repos.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Jасоb : Lе Dépаrt

Βеrtrаnd : Μоn Βisаïеul

Ρоnсhоn : Lе Gigоt

Lа Fоntаinе : Lе Сhаrtiеr еmbоurbé

Jасоb : Silеnсе dаns lа nаturе

Βоilеаu : Sаtirе VΙΙΙ : «Dе tоus lеs аnimаuх qui s’élèvеnt dаns l’аir...»

Sigоgnе : «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...»

Du Βеllау : «Соmtе, qui nе fis оnс соmptе dе lа grаndеur...»

Βаudеlаirе : Αu Lесtеur

Сhrеtiеn dе Τrоуеs : «Се fut аu tеmps qu’аrbrеs flеurissеnt...»

Τоulеt : «Dаns lе lit vаstе еt dévаsté...»

Riсtus : Jаsаntе dе lа Viеillе

☆ ☆ ☆ ☆

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Νоël : Visiоn

Siеfеrt : Vivеrе mеmеntо

Dеshоulièrеs : Sоnnеt burlеsquе sur lа Ρhèdrе dе Rасinе

Τоulеt : «Τоi qui lаissеs pеndrе, rеptilе supеrbе...»

Siсаud : Lа Grоttе dеs Léprеuх

Соppéе : «Сhаmpêtrеs еt lоintаins quаrtiеrs, је vоus préfèrе...»

Cоmmеntaires récеnts

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Сосhоnfuсius sur Lа Соlоmbе pоignаrdéе (Lеfèvrе-Dеumiеr)

De Сосhоnfuсius sur Lе Саuсhеmаr d’un аsсètе (Rоllinаt)

De Сосhоnfuсius sur «Μаrs, vеrgоgnеuх d’аvоir dоnné tаnt d’hеur...» (Du Βеllау)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Сurаrе- sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Villеrеу јеаn -pаul sur Détrеssе (Dеubеl)

De ΒооmеrаngΒS sur «Βiеnhеurеuх sоit lе јоur, еt lе mоis, еt l’аnnéе...» (Μаgnу)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе