Je ne veux comparer tes beautés à la Lune :
La Lune est inconstante, et ton vouloir n’est qu’un.
Encor moins au Soleil : le Soleil est commun,
Commune est sa lumière, et tu n’es pas commune.
Tu forces par vertu l’envie et la rancune.
Je ne suis, te louant, un flatteur importun.
Tu sembles à toi-même, et n’a portrait aucun :
Tu es toute ton Dieu, ton Astre, et ta Fortune.
Ceux qui font de leur Dame à toi comparaison,
Sont ou présomptueux, ou perclus de raison :
D’esprit et de savoir de bien loin tu les passes :
Ou bien quelque Démon de ton corps s’est vêtu,
Ou bien tu es portrait de la même Vertu,
Ou bien tu es Pallas, ou bien l’une des Grâces.
En ce vétuste herbier sont les fleurs de la Lune,
Tu vois que leurs couleurs illuminent la nuit ;
Mais du coeur de chacun leur souvenir s’enfuit.
Bien peu d’hommes pourront sentir cette lacune.
Quant à leur nom latin, puis tout ce qui s’ensuit,
Il nous parle aussi peu que les antiques runes ;
Carl von Linné trouva cette chose importune,
Car l’exhaustivité, cela comptait pour lui.
Regarde, au fil du temps cette couleur varie,
Éclat miraculeux, fraîcheur jamais tarie,
Cela met dans l’herbier comme un goût de bonheur.
Si les redécouvrait un oisif promeneur,
Au sein de ce cosmos elles reprendraient vie,
Ces fleurs de Séléné que Vénus nous envie.