Je ne serais marri, si tu comptais ma peine
De compter tes degrés recomptés tant de fois :
Tu loges au sommet du Palais de nos Rois :
Olympe n’avait pas la cime si hautaine.
Je perds à chaque marche et le pouls et l’haleine :
J’ai la sueur au front, j’ai l’estomac pantois,
Pour ouïr un nenni, un refus, une voix,
De dédain, de froideur et d’orgueil toute pleine.
Tu es vraiment Déesse, assise en si haut lieu.
Or pour monter si haut, je ne suis pas un Dieu.
Je ferai des degrés ma plainte coutumière,
T’envoyant jusqu’en haut mon cœur dévotieux.
Ainsi les hommes font à Jupiter prière :
Les hommes sont en terre, et Jupiter aux cieux.
Je vais jusqu’au grenier sans ménager ma peine,
Sous chacun de mes pas j’entends gémir le bois ;
Ces lieux sont parcourus par un courant d’air froid,
Par-dessus la chemise on supporte une laine.
De vieux bouquins, là haut, plusieurs malles sont pleines,
Rien que de les ranger peut prendre plusieurs mois ;
C’est ce que j’aime faire en grignotant des noix,
Dans un assez grand sac, j’en ai quelque centaines.
Bien des gens avant moi vécurent dans ces lieux,
Des sages qui lisaient ce qu’on trouve de mieux ;
De nobles érudits, des chercheurs de lumière.
On y voyait aussi quelques buveurs de bière ;
Mais ils sont à présent sous une froide pierre,
Ayant remis leur âme entre les mains de Dieu.