Doux dédains, douce amour d’artifice cachée,
Doux courroux enfantin, qui ne garde son cœur,
Doux d’endurer passer un long temps en longueur,
Sans me voir, sans m’écrire, et faire la fâchée :
Douce amitié souvent perdue et recherchée,
Doux de tenir d’entrée une douce rigueur,
Et sans me saluer, me tuer de langueur,
Et feindre qu’autre part on est bien empêchée :
Doux entre le dépit et entre l’amitié,
Dissimulant beaucoup, ne parler qu’à moitié.
Mais m’appeler volage et prompt de fantaisie,
Craindre ma conscience, et douter de ma foi,
M’est un reproche amer, qu’à grand tort je reçois :
Car douter de ma foi c’est crime d’hérésie.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 14 janvier 2014 à 17h18
Autre ondin
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Un ondin, qui suivait une route cachée,
Se chantait des chansons, toujours selon son coeur.
Ses complaintes étaient de variable longueur,
Nulle d’elles ne fut de laideur entachée.
Pour les fleurs il produit cette oeuvre recherchée,
Aux couplets imprégnés de force et de rigueur.
Il pourrait s’y glisser un soupçon de langueur,
Sans que n’y fût jamais une plainte ébauchée.
Le hibou le regarde avec grande amitié ;
Le crapaud, l’entendant, se réveille à moitié.
Tous les deux sont charmés par cette fantaisie.
Heureux que ces petits lui témoignent leur foi,
C’est avec grand honneur que l’ondin le reçoit :
Il se sent fier comme un prophète d’hérésie.