Deux Vénus en Avril (puissante Déité)
Naquirent, l’une en Cypre, et l’autre en la Saintonge :
La Vénus Cyprienne est des Grecs la mensonge,
La chaste Saintongeoise est une vérité.
L’Avril se réjouit de telle nouveauté,
Et moi qui jour et nuit d’autre Dame ne songe,
Qui le fil amoureux de mon destin allonge,
Ou l’accourcit, ainsi qu’il plaît à sa beauté,
Je suis trois fois un Dieu, d’être né de son âge.
Si tôt que je la vis, je fus mis en servage
De ses yeux, que j’estime un sujet plus qu’humain.
Ma Raison, sans combattre, abandonna la place,
Et mon cœur se vit pris comme un poisson à l’hain :
Si j’ai failli, ma faute est bien digne de grâce.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 11 octobre 2017 à 23h22
Nef des vendeurs de minotaures
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Les marchands, protégés par plusieurs déités,
Remontent sur leur nef les fleuves de Saintonge ;
Tous leurs bestiaux sont beaux, ce n’est pas un mensonge,
Rien, pour ces commerçants, ne vaut la vérité.
Les clients sont heureux de cette nouveauté,
À Dédale, à son fils, au labyrinthe ils songent,
Au fil qu’un visiteur dans les couloirs allonge,
Au premier Minotaure, empli de cruauté.
Ceux-là sont sans danger, car ils sont en bas âge,
Monstres qui volontiers acceptent le servage
Et qui s’efforcent d’être utiles pour l’humain.
Le village est en fête, on a fleuri la place,
Les petits éleveurs boiront jusqu’à demain :
Qui voit un minotaure est en état de grâce.