Philothée O’Neddy

(1811-1875)

Feu et Flamme

(1833)

Nuits +
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Fragment premier

Splееn

Fragment second

Μуstèrе

Fragment troisième

Fаnаtismе.

Fragment quatrième

Ιl miо Τеsоrо

Fragment cinquième

Ρаgе dе Rоmаn

Fragment sixième

Αmоur

 

Philothée O’Neddy

Feu et Flamme, 1833


Amour


 

   
Espérons en les dieux, et croyons à notre âme !
De l’amour dans nos cœurs alimentons la flamme !
De Lamartine.


 

Si la Marchesina sort du palais furtive,
Ce n’est pas pour rêver à la chute plaintive
Des cascades rongeant leurs sonores gradins ;
Si son pied va foulant la mousse des jardins,
Si dans le bois douteux sans duègne elle s’expose,
Ce n’est pas, croyez-moi, pour la brise ou la rose.
Tremblante, son oreille écoute... Oh ! ce n’est pas
La voix du rossignol : c’est le bruit sourd d’un pas
Qui rapidement glisse au limbe de l’allée.
D’un nuage d’amour sa paupière est voilée ;
Elle appuie, au sommet d’un talus de gazon,
Sa tête langoureuse où s’éteint la raison.
Tout-à-coup, traversant le hallier qui palpite,
À ses pieds adorés l’amant se précipite.
 
 
 

LE JEUNE HOMME


 
Laisse, fée aux yeux noirs, laisse mon corps jaloux,
Comme un serpent lascif, s’étendre à tes genoux !
Lorsque la vénusté de son éclat m’obombre,
Dieu seul de mes bonheurs pourrait dire le nombre.
Laisse ma tête en feu, se serrant contre toi,
Caresser follement ta robe ; laisse-moi,
Sous l’amour de tes yeux qui me trempent de flamme,
Respirer comme un vague et saisissant dictame.
Que je boive à pleins bords l’oubli des mauvais jours !
Ma reine, dis-moi bien que tu seras toujours,
Dans les sables brûlants de ma vie agitée,
Mon ombreuse oasis et ma coupe enchantée !
 
 
 

LA DAME


 
Est-ce qu’il m’est possible, amour ! d’être un moment
Sans parfumer ton sort de mon saint dévouement ?
Oh ! puis-je sur tes pas répandre assez de myrrhe,
Toi qu’avec passion je vénère et j’admire,
Toi qui parles si bien des femmes et du ciel,
Toi dont l’organe aimant réalise Ariel ?
Puis-je assez te chérir, mon ange, mon idole !
Toi qui, lorsque, le soir, nous allons en gondole,
Chantes pour moi des vers dans les parfums du vent ;
Toi qui sais m’adorer en poète fervent,
Comme aux jours du passé Pétrarque adorait Laure,
Le Dante Béatrix, le Tasse Éléonore ;
Toi dont le cœur est vierge, et dont la vie enfin
Est un hymne d’amour sans lacune et sans fin ?...
 
 
 

LE JEUNE HOMME


 
Oh ! laisse mes deux bras te faire une ceinture !
Viens ! De tous les bonheurs épars dans la nature,
Au centre d’un baiser, chère amante, essayons
De confondre et d’unir les multiples rayons.
Mets tes yeux sur mes yeux. Donne à ma lèvre, donne
Ta lèvre séraphique, ô ma blanche madone ! —
 
 
Dieux ! le beau, le divin, le sublime baiser
Qu’à ce propos galant, vous l’eussiez vu poser
Sur la bouche de miel de sa pâle marquise,
Qui se mourait d’amour, dans une pose exquise !...
 
— Oh ! pourquoi les grelots d’un maudit muletier
Sonnèrent-ils alors, dans le voisin sentier ?...
— Oh ! pourquoi, tout auprès du couple qui s’effare,
Passa-t-il une chasse entonnant sa fanfare ?...
 
 

1831

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