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(1842-1905)

Les Trophées

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Les Trophées, 1893


Le Prisonnier


 

À Gérôme


Là-bas, les muezzins ont cessé leurs clameurs.
Le ciel vert, au couchant, de pourpre et d’or se frange ;
Le crocodile plonge et cherche un lit de fange,
Et le grand fleuve endort ses dernières rumeurs.
 
Assis, jambes en croix, comme il sied aux fumeurs,
Le Chef rêvait, bercé par le haschisch étrange,
Tandis qu’avec effort faisant mouvoir la cange,
Deux nègres se courbaient, nus, au banc des rameurs.
 
À l’arrière, joyeux et l’insulte à la bouche,
Grattant l’aigre guzla qui rythme un air farouche,
Se penchait un Arnaute à l’œil féroce et vil ;
 
Car lié sur la barque et saignant sous l’entrave,
Un vieux Scheikh regardait d’un air stupide et grave
Les minarets pointus qui tremblent dans le Nil.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 4 mars 2018 à 11h59

Oiseau d’azur et de passage
--------------------------------

De cet oiseau discret, jamais nulle clameur ;
Ses ailes sont d’azur, mais de sable se frangent.
Très rarement, il plonge et cherche un lit de fange,
Mais on n’en est pas sûr ; serait-ce une rumeur ?

Il a de bons poumons, car il n’est pas fumeur,
N’aimant ni le tabac, ni le haschisch étrange,
Aux avis des meilleurs médecins il se range.
Il plane cependant, ce n’est pas un rameur.

Il a presque toujours un poème à la bouche,
Il n’est pas agressif, il n’a pas l’air farouche;
Plus pur que Parsifal, il ne fait rien de vil.

Il a pitié des boeufs qui souffrent sous l’entrave,
Regardant devant eux d’un air stupide et grave
Depuis quatre mille ans, sur les rives du Nil.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 1er janvier 2019 à 14h03

Chaussures du gyrovague
------------------------------

J’ai suivi des chemins discrets, loin des clameurs
Des agglomérations qui de banlieues se frangent.
Mes pieds ne craignent pas de marcher dans la fange
Auprès d’un vif torrent dont j’entends la rumeur.

J’aimais les cabarets envahis de fumeurs,
Jadis, mais à présent je fuis ces lieux étranges ;
Ce n’est pas surprenant, avec l’âge, on se range,
Et puis on se repose, et pour finir, on meurt.

Les fruits de la forêt sont tendres à ma bouche,
Je deviens familier des animaux farouches
Qui ont un coeur paisible et ne font rien de vil.

Gyrovague je suis, vagabond sans entraves,
Avec le sanglier j’échange un regard grave :
Sa présence me plaît, c’est un monstre subtil.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 9 mars 2020 à 11h56

Sanglier d’azur
----------

C’est un vieux sanglier, ce n’est pas un frimeur,
Il ne sera brutal que si tu le déranges ;
Souvent tu peux le voir se vautrer dans la fange
Quand il n’est point au val un paisible dormeur.

S’il trouve sa provende, il est de bonne humeur,
Il peut même parfois manger des fruits étranges ;
Son père lui disait «Qu’importe ce qu’on mange,
Bénissons les humains qui sont de bons semeurs.»

Jamais un sanglier ne fait la fine bouche,
Même, il est stimulé par des mets un peu louches ;
Manger quelques rebuts, cela n’est rien de vil.

Je veux te ressembler, animal sans entraves,
Si je n’y parviens point, ce n’est pas vraiment grave ;
Mais j’en ai juste assez d’être toujours subtil.

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Déposé par Cochonfucius le 22 mai 2023 à 11h41

Barque de mai
---------

Nous voguons dans la bonne humeur,
Guidés par la sirène et l’ange ;
La Garonne n’est pas le Gange,
Mais ses rivages sont charmeurs ;

Nous saluons quelques rameurs
Dont les pavillons sont étranges ;
« Ici tout change et rien ne change »,
Comme le disait un rimeur.

Jamais ici de bateaux-mouches,
S’il en venait, ça serait louche ;
Pas plus ici que sur le Nil.

« L’estuaire, c’est pour les braves »,
Disent les pêcheurs, d’un air grave ;
« Surtout dans les grands vents d’avril ».

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Déposé par Cochonfucius le 5 novembre 2024 à 12h40

Oiseau sérieux
--------

Ce volatile est un charmeur,
C’est un oiseau, c’est presque un ange ;
Son âme est bleue comme une orange,
Toujours il est de bonne humeur.

Il souffle des mots aux rimeurs,
Parfois banals, parfois étranges ;
Nous, plumitifs, on s’en arrange
Sans que ça nous rende frimeurs.

Il ne se nourrit pas de mouches ;
À nul autre insecte il ne touche,
Il grignote des grains de mil.

C’est un oiseau savant et brave,
Un volatile heureux et grave ;
Il n’en est point de plus subtil.

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Déposé par Jadis le 21 décembre 2024 à 07h58


Le Résigné
---------------

Bien que vieil immigré casanier et chômeur,
Une envie de grand air me gratte et me démange ;
Alors, sans barguigner, vite ma carte Orange,
Mon keffieh, mon burnous, en route, OK boomer !

Songeant à mon Coran resté chez l’imprimeur,
Je me dis qu’après tout, le métro, ça m’arrange ;
Et, voyageur béat, je souris comme un ange,
Un ange qui, un jour, fut gentleman-farmer.

Si quelque jeune con piétine mes babouches,
Je reste imperturbable, et rien ne m’effarouche ;
Mon nom, c’est Gabriel, Djibril dans le civil.

Selon que vous serez grand lecteur des “Burgraves”
Ou simplement fellah regrettant ses choux-raves,
Changez à Opéra ou à Miromesnil.

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