Théophile Gautier

La Comédie de la Mort, 1838


La Mort dans la Vie

Chapitre IV


La mort est multiforme, elle change de masque
Et d’habit plus souvent qu’une actrice fantasque ;
        Elle sait se farder,
Et ce n’est pas toujours cette maigre carcasse,
Qui vous montre les dents et vous fait la grimace
        Horrible à regarder.
 
Ses sujets ne sont pas tous dans le cimetière,
Ils ne dorment pas tous sur des chevets de pierre
        À l’ombre des arceaux ;
Tous ne sont pas vêtus de la pâle livrée,
Et la porte sur tous n’est pas encor murée
        Dans la nuit des caveaux.
 
Il est des trépassés de diverse nature,
Aux uns la puanteur avec la pourriture,
        Le palpable néant,
L’horreur et le dégoût, l’ombre profonde et noire,
Et le cercueil avide entrouvrant sa mâchoire
        Comme un monstre béant.
 
Aux autres, que l’on voit sans qu’on s’en épouvante
Passer et repasser dans la cité vivante
        Sous leur linceul de chair,
L’invisible néant, la mort intérieure
Que personne ne sait, que personne ne pleure,
        Même votre plus cher.
 
Car, lorsque l’on s’en va dans les villes funèbres
Visiter les tombeaux inconnus ou célèbres,
        De marbre ou de gazon ;
Qu’on ait ou qu’on n’ait pas quelque paupière amie
Sous l’ombrage des ifs à jamais endormie,
        Qu’on soit en pleurs ou non,
 
On dit : Ceux-là sont morts. La mousse étend son voile
Sur leurs noms effacés ; le ver file sa toile
        Dans le trou de leurs yeux ;
Leurs cheveux ont percé les planches de la bière,
À côté de leurs os, leur chair tombe en poussière
        Sur les os des aïeux.
 
Leurs héritiers, le soir, n’ont plus peur qu’ils reviennent ;
C’est à peine à présent si leurs chiens s’en souviennent.
        Enfumés et poudreux,
Leurs portraits adorés traînent dans les boutiques,
Leurs jaloux d’autrefois font leurs panégyriques ;
        Tout est fini pour eux.
 
L’ange de la douleur, sur leur tombe en prière,
Est seul à les pleurer de ses larmes de pierre.
        Comme le ver leur corps,
L’oubli ronge leur nom avec sa lune sourde ;
Ils ont pour draps de lit six pieds de terre lourde.
        Ils sont morts ! et bien morts !
 
Et peut-être une larme à votre âme échappée
Sur leur cendre, de pluie et de neige trempée,
        Filtre insensiblement.
Qui les va réjouir dans leur triste demeure ;
Et leur cœur desséché, comprenant qu’on les pleure,
        Retrouve un battement.
 
Mais personne ne dit, voyant un mort de l’âme :
Paix et repos sur toi ! L’on refuse à la lame
        Ce qu’on donne au fourreau ;
L’on pleure le cadavre et l’on panse la plaie,
L’âme se brise et meurt sans que nul s’en effraie
        Et lui dresse un tombeau.
 
Et cependant il est d’horribles agonies
Qu’on ne saura jamais ; des douleurs infinies
        Que l’on n’aperçoit pas.
Il est plus d’une croix au calvaire de l’âme
Sans l’auréole d’or, et sans la blanche femme
        Échevelée au bas.
 
Toute âme est un sépulcre où gisent mille choses ;
Des cadavres hideux dans des figures roses
        Dorment ensevelis.
On retrouve toujours les larmes sous le rire,
Les morts sous les vivants, et l’homme est à vrai dire
        Une Nécropolis.
 
Les tombeaux déterrés des vieilles cités mortes,
Les chambres et les puits de la Thèbe aux cent portes
        Ne sont pas si peuplés,
On n’y rencontre pas de plus affreux squelettes,
Un plus vaste fouillis d’ossements et de têtes
        Aux ruines mêlés.
 
L’on en voit qui n’ont pas d’épitaphe à leurs tombes,
Et de leurs trépassés font comme aux catacombes
        Un grand entassement ;
Dont le cœur est un champ uni, sans croix ni pierres,
Et que l’aveugle Mort de diverses poussières
        Remplit confusément.
 
D’autres, moins oublieux, ont des caves funèbres
Où sont rangés leurs morts, comme celles des Guèbres
        Ou des Égyptiens ;
Tout autour de leur cœur sont debout les momies,
Et l’on y reconnaît les figures blêmies
        De leurs amours anciens.
 
Dans un pur souvenir chastement embaumée
Ils gardent au fond d’eux l’âme qu’ils ont aimée ;
        Triste et charmant trésor !
La mort habite en eux au milieu de la vie ;
Ils s’en vont poursuivant la chère ombre ravie
        Qui leur sourit encor.
 
Où ne trouve-t-on pas, en fouillant, un squelette ?
Quel foyer réunit la famille complète
        En cercle chaque soir ?
Et quel seuil, si riant et si beau qu’il puisse être,
Pour ne pas revenir n’a vu sortir le maître
        Avec un manteau noir ?
 
Cette petite fleur, qui, toute réjouie,
Fait baiser au soleil sa bouche épanouie,
        Est fille de la mort.
En plongeant sous le sol, peut-être sa racine,
Dans quelque cendre chère a pris l’odeur divine
        Qui vous charme si fort.
 
Ô fiancés d’hier, encore amants, l’alcôve
Où nichent vos amours, à quelque vieillard chauve
        A servi comme à vous ;
Avant vos doux soupirs elle a redit son râle,
Et son souvenir mêle une odeur sépulcrale
        À vos parfums d’époux !
 
Où donc poser le pied qu’on ne foule une tombe ?
Ah ! lorsque l’on prendrait son aile à la colombe,
        Ses pieds au daim léger ;
Qu’on irait demander au poisson sa nageoire,
On trouvera partout l’hôtesse blanche et noire
        Prête à vous héberger.
 
Cessez donc, cessez donc, ô vous, les jeunes mères
Berçant vos fils aux bras des riantes chimères,
        De leur rêver un sort ;
Filez-leur un suaire avec le lin des langes.
Vos fils, fussent-ils purs et beaux comme les anges,
        Sont condamnés à mort !
 
 
 

Chapitre V


À travers les soupirs les plaintes et le râle
Poursuivons jusqu’au bout la funèbre spirale
        De ses détours maudits.
Notre guide n’est pas Virgile le poète,
La Béatrix vers nous ne penche pas la tête
        Du fond du paradis.
 
Pour guide nous avons une vierge au teint pâle
Qui jamais ne reçut le baiser d’or du hâle
        Des lèvres du soleil.
Sa joue est sans couleur et sa bouche bleuâtre,
Le bouton de sa gorge est blanc comme l’albâtre
        Au lieu d’être vermeil.
 
Un souffle fait plier sa taille délicate,
Ses bras, plus transparents que le jaspe ou l’agate,
        Pendent languissamment ;
Sa main laisse échapper une fleur qui se fane,
Et, ployée à son dos, son aile diaphane
        Reste sans mouvement.
 
Plus sombres que la nuit, plus fixes que la pierre,
Sous leur sourcil d’ébène et leur longue paupière
        Luisent ses deux grands yeux,
Comme l’eau du Léthé qui va muette et noire,
Ses cheveux débordés baignent sa chair d’ivoire
        À flots silencieux.
 
Des feuilles de ciguë avec des violettes
Se mêlent sur son front aux blanches bandelettes,
        Chaste et simple ornement ;
Quant au reste, elle est nue, et l’on rit et l’on tremble
En la voyant venir ; car elle a tout ensemble
        L’air sinistre et charmant.
 
Quoiqu’elle ait mis le pied dans tous les lits du monde,
Sous sa blanche couronne elle reste inféconde
        Depuis l’éternité.
L’ardent baiser s’éteint sur la lèvre fatale
Et personne n’a pu cueillir la rose pâle
        De sa virginité.
 
C’est par elle qu’on pleure et qu’on se désespère :
C’est elle qui ravit au giron de la mère
        Son doux et cher souci ;
C’est elle qui s’en va se coucher, la jalouse,
Entre les deux amants, et qui veut qu’on l’épouse
        À son tour elle aussi.
 
Elle est amère et douce, elle est méchante et bonne ;
Sur chaque front illustre elle met la couronne
        Sans peur ni passion.
Amère aux gens heureux et douce aux misérables,
C’est la seule qui donne aux grands inconsolables
        Leur consolation.
 
Elle prête des lits à ceux qui, sur le monde,
Comme le Juif errant, font nuit et jour leur ronde
        Et n’ont jamais dormi.
À tous les parias elle ouvre son auberge,
Et reçoit aussi bien la Phryné que la vierge,
        L’ennemi que l’ami.
 
Sur les pas de ce guide au visage impassible,
Nous marchons en suivant la spirale terrible
        Vers le but inconnu,
Par un enfer vivant sans caverne ni gouffre,
Sans bitume enflammé, sans mers aux flots de soufre,
        Sans Belzébuth cornu.
 
Voici contre un carreau comme un reflet de lampe
Avec l’ombre d’un homme. Allons, montons la rampe,
        Approchons et voyons.
Ah ! c’est toi, docteur Faust ! Dans la même posture
Du sorcier de Rembrandt sur la noire peinture
        Aux flamboyants rayons.
 
Quoi ! tu n’as pas brisé tes fioles d’alchimiste,
Et tu penches toujours ton grand front chauve et triste
        Sur quelque manuscrit !
Dans ton livre, aux lueurs de ce soleil mystique,
Quoi ! tu cherches encor le mot cabalistique
        Qui fait venir l’Esprit.
 
Eh bien ! Scientia, ta maîtresse adorée
À tes chastes désirs s’est-elle enfin livrée ?
        Ou, comme au premier jour,
N’en es-tu qu’à baiser sa robe ou sa pantoufle,
Ta poitrine asthmatique a-t-elle encor du souffle
        Pour un soupir d’amour ?
 
Quel sable, quel corail a ramené ta sonde ?
As-tu touché le fond des sagesses du monde ?
        En puisant à ton puits,
Nous as-tu dans ton seau fait monter toute nue
La blanche Vérité jusqu’ici méconnue ?
        Arbre, où sont donc tes fruits ?
 
 
 

FAUST


 
J’ai plongé dans la mer sous le dôme des ondes ;
Les grands poissons jetaient leurs ondes vagabondes
        Jusques au fond des eaux ;
Léviathan fouettait l’abîme de sa queue,
Les Syrènes peignaient leur chevelure bleue
        Sur les bancs de coraux.
 
La seiche horrible à voir, le polype difforme,
Tendaient leurs mille bras, le caïman énorme
        Roulait ses gros yeux verts ;
Mais je suis remonté, car je manquais d’haleine ;
C’est un manteau bien lourd pour une épaule humaine
        Que le manteau des mers !
 
Je n’ai pu de mon puits tirer que de l’eau claire ;
Le Sphinx interrogé continue à se taire ;
        Si chauve et si cassé,
Hélas ! j’en suis encore à peut-être, et que sais-je ?
Et les fleurs de mon front ont fait comme une neige
        Aux lieux où j’ai passé.
 
Malheureux que je suis d’avoir sans défiance
Mordu les pommes d’or de l’arbre de science !
        La science est la mort.
Ni l’upa de Java, ni l’euphorbe d’Afrique,
Ni le mancenilier au sommeil magnétique.
        N’ont un poison plus fort.
 
Je ne crois plus à rien. J’allais, de lassitude,
Quand vous êtes venus, renoncer à l’étude
        Et briser mes fourneaux.
Je ne sens plus en moi palpiter une fibre,
Et comme un balancier seulement mon cœur vibre
        À mouvements égaux.
 
Le néant ! Voilà donc ce que l’on trouve au terme !
Comme une tombe, un mort, ma cellule renferme
        Un cadavre vivant.
C’est pour arriver là que j’ai pris tant de peine,
Et que j’ai sans profit, comme on fait d’une graine,
        Semé mon âme au vent.
 
Un seul baiser, ô douce et blanche Marguerite,
Pris sur ta bouche en fleur, si fraîche et si petite,
        Vaut mieux que tout cela.
Ne cherchez pas un mot qui n’est pas dans le livre ;
Pour savoir comme on vit n’oubliez pas de vivre.
        Aimez, car tout est là !
 
 
 

Chapitre VI


La spirale sans fin dans le vide s’enfonce ;
Tout autour, n’attendant qu’une fausse réponse
        Pour vous pomper le sang,
Sur leurs grands piédestaux semés d’hiéroglyphes,
Des Sphinx aux seins pointus, aux doigts armés de griffes,
        Roulent leur œil luisant.
 
En passant devant eux, à chaque pas l’on cogne
Des os demi rongés, des restes de charogne,
        Des crânes sonnant creux.
On voit de chaque trou sortir des jambes raides,
Des apparitions monstrueusement laides
        Fendent l’air ténébreux.
 
C’est ici que l’énigme est encor sans Œdipe,
Et qu’on attend toujours le rayon qui dissipe
        L’antique obscurité.
C’est ici que la mort propose son problème,
Et que le voyageur, devant sa face blême
        Recule épouvanté.
 
Ah ! que de nobles cœurs et que d’âmes choisies,
Vainement, à travers toutes les poésies,
        Toutes les passions,
Ont poursuivi le mot de la page fatale
Dont les os gisent là sans pierre sépulcrale
        Et sans inscriptions !
 
Combien, don Juans obscurs, ont leurs listes remplies
Et qui cherchent encor ! Que de lèvres pâlies
        Sous les plus doux baisers,
Et qui n’ont jamais pu se joindre à leur chimère !
Que de désirs au ciel sont remontés de terre
        Toujours inapaisés !
 
Il est des écoliers qui voudraient tout connaître,
Et qui ne trouvent pas pour valet et pour maître
        De Méphistophélès.
Dans les greniers, il est des Faust sans Marguerite
Dont l’enfer ne veut pas et que Dieu déshérite ;
        Tous ceux-là, plaignez-les !
 
Car ils souffrent un mal, hélas ! inguérissable ;
Ils mêlent une larme à chaque grain de sable
        Que le temps laisse choir.
Leur cœur, comme un orfraie au fond d’une ruine,
Râle piteusement dans leur maigre poitrine
        L’hymne du désespoir.
 
Leur vie est comme un bois à la fin de l’automne,
Chaque souffle qui passe arrache à leur couronne
        Quelque reste de vert.
Et leurs rêves en pleurs s’en vont fendant les nues,
Silencieux, pareils à des files de grues
        Quand approche l’hiver.
 
Leurs tourments ne sont point redits par le poète ;
Martyrs de la pensée, ils n’ont pas sur leur tête
        L’auréole qui luit ;
Par les chemins du monde ils marchent sans cortège,
Et sur le sol glacé tombent comme la neige
        Qui descend dans la nuit.
 
Comme je m’en allais, ruminant ma pensée,
Triste, sans dire mot, sous la voûte glacée,
        Par le sentier étroit ;
S’arrêtant tout à coup, ma compagne blafarde
Me dit en étendant sa main frêle : Regarde
        Du côté de mon doigt.
 
C’était un cavalier avec un grand panache,
De longs cheveux bouclés, une noire moustache
        Et des éperons d’or ;
Il avait le manteau, la rapière et la fraise,
Ainsi qu’un raffiné du temps de Louis treize,
        Et semblait jeune encor.
 
Mais en regardant bien, je vis que sa perruque
Sous ses faux cheveux bruns laissait près de sa nuque
        Passer des cheveux blancs ;
Son front, pareil au front de la mer soucieuse,
Se ridait à longs plis ; sa joue était si creuse
        Que l’on comptait ses dents.
 
Malgré le fard épais dont elle était plâtrée,
Comme un marbre couvert d’une gaze pourprée
        Sa pâleur transperçait ;
À travers le carmin qui colorait sa lèvre,
Sous son rire d’emprunt on voyait que la fièvre
        Chaque nuit le baisait.
 
Ses yeux sans mouvement semblaient des yeux de verre.
Ils n’avaient rien des yeux d’un enfant de la terre,
        Ni larmes ni regard.
Diamant enchâssé dans sa morne prunelle
Brillait d’un éclat fixe, une froide étincelle.
        C’était bien un vieillard !
 
Comme l’arche d’un pont, son dos faisait la voûte,
Ses pieds endoloris, tout gonflés par la goutte,
        Chancelaient sous son poids.
Ses mains pâles tremblaient ; ainsi tremblent les vagues,
Sous les baisers du Nord, et laissaient fuir leurs bagues
        Trop larges pour ses doigts.
 
Tout ce luxe, ce fard sur cette face creuse,
Formait une alliance étrange et monstrueuse.
        C’était plus triste à voir
Et plus laid, qu’un cercueil chez des filles de joie,
Qu’un squelette paré d’une robe de soie,
        Qu’une vieille au miroir.
 
Confiant à la nuit son amoureuse plainte,
Il attendait devant une fenêtre éteinte,
        Sous un balcon désert.
Nul front blanc ne venait s’appuyer au vitrage,
Nul soleil de beauté ne montrait son visage
        Au fond du ciel ouvert.
 
Dis, que fais-tu donc là, vieillard, dans les ténèbres,
Par une de ces nuits où les essaims funèbres
        S’envolent des tombeaux ?
Que vas-tu donc chercher si loin, si tard, à l’heure
Où l’Ange de minuit au beffroi chante et pleure
        Sans page et sans flambeaux ?
 
Tu n’as plus l’âge où tout vous rit et vous accueille,
Où la vierge répand à vos pieds, feuille à feuille,
        La fleur de sa beauté.
Et ce n’est plus pour toi que s’ouvrent les fenêtres ;
Tu n’es bon qu’à dormir auprès de tes ancêtres
        Sous un marbre sculpté.
 
Entends-tu le hibou qui jette ses cris aigres ?
Entends-tu dans les bois hurler les grands loups maigres ?
        Ô vieillard sans raison !
Rentre, c’est le moment où la lune réveille
Le vampire blafard sur sa couche vermeille ;
        Rentre dans ta maison.
 
Le vent moqueur a pris ta chanson sur son aile,
Personne ne t’écoute, et ta cape ruisselle
        Des pleurs de l’ouragan...
Il ne me répond rien ; dites quel est cet homme,
Ô mort, et savez-vous le nom dont on le nomme !
        Cet homme, c’est don Juan.
 
 
 

Chapitre VII


 

DON JUAN


 
Heureux adolescents, dont le cœur s’ouvre à peine
Comme une violette à la première haleine
        Du printemps qui sourit,
Âmes couleurs de lait, frais buissons d’aubépine
Où, sous le pur rayon, dans la pluie argentine
        Tout gazouille et fleurit.
 
Ô vous tous qui sortez des bras de votre mère
Sans connaître la vie et la science amère,
        Et qui voulez savoir,
Poètes et rêveurs, plus d’une fois, sans doute,
Aux lisières des bois, en suivant votre route
        Dans la rougeur du soir,
 
À l’heure enchanteresse, où sur le bout des branches
On voit se becqueter les tourterelles blanches
        Et les bouvreuils au nid,
Quand la nature lasse en s’endormant soupire,
Et que la feuille au vent vibre comme une lyre
        Après le chant fini ;
 
Quand le calme et l’oubli viennent à toutes choses
Et que le sylphe rentre au pavillon des roses
        Sous les parfums plié ;
Émus de tout cela, pleins d’ardeurs inquiètes
Vous avez souhaité ma liste et mes conquêtes ;
        Vous m’avez envié
 
Les festins, les baisers sur les épaules nues,
Toutes ces voluptés à votre âge inconnues,
        Aimable et cher tourment !
Zerbine, Elvire, Anna, mes Romaines jalouses,
Mes beaux lys d’Albion, mes brunes Andalouses,
        Tout mon troupeau charmant.
 
Et vous vous êtes dit par la voix de vos âmes :
Comment faisais-tu donc pour avoir plus de femmes
        Que n’en a le sultan ?
Comment faisais-tu donc, malgré verroux et grilles,
Pour te glisser au lit des belles jeunes filles,
        Heureux, heureux don Juan !
 
Conquérant oublieux, une seule de celles
Que tu n’inscrivais pas, une entre tes moins belles
        Ta plus modeste fleur,
Oh ! combien et longtemps nous l’eussions adorée !
Elle aurait embelli, dans une urne dorée,
        L’autel de notre cœur.
 
Elle aurait parfumé, cette humble paquerette
Dont sous l’herbe ton pied a fait ployer la tête,
        Notre pâle printemps ;
Nous l’aurions recueillie, et de nos pleurs trempée,
Cette étoile aux yeux bleus, dans le bal échappée
        À tes doigts inconstants.
 
Adorables frissons de l’amoureuse fièvre,
Ramiers qui descendez du ciel sur une lèvre,
        Baisers âcres et doux,
Chutes du dernier voile, et vous cascades blondes,
Cheveux d’or, inondant un dos brun de vos ondes
        Quand vous connaîtrons-nous ?
 
Enfant, je les connais tous ces plaisirs qu’on rêve ;
Autour du tronc fatal l’antique serpent d’Ève
        Ne s’est pas mieux tordu.
Aux yeux mortels, jamais dragon à tête d’homme
N’a d’un plus vif éclat fait reluire la pomme
        De l’arbre défendu.
 
Souvent, comme des nids de fauvettes farouches,
Tout prêts à s’envoler, j’ai surpris sur des bouches
        Des nids d’aveux tremblants,
J’ai serré dans mes bras de ravissants fantômes,
Bien des vierges en fleur m’ont versé les purs baumes
        De leurs calices blancs.
 
Pour en avoir le mot, courtisanes rusées,
J’ai pressé, sous le fard, vos lèvres plus usées
        Que le grès des chemins.
Égouts impurs, où vont tous les ruisseaux du monde,
J’ai plongé sous vos flots ; et toi, débauche immonde,
        J’ai vu tes lendemains.
 
J’ai vu les plus purs fronts rouler après l’orgie
Parmi les flots de vin, sur la nappe rougie ;
        J’ai vu les fins de bal
Et la sueur des bras, et la pâleur des têtes
Plus mornes que la mort sous leurs boucles défaites
        Au soleil matinal.
 
Comme un mineur qui suit une veine inféconde,
J’ai fouillé nuit et jour l’existence profonde
        Sans trouver le filon.
J’ai demandé la vie à l’amour qui la donne,
Mais vainement ; je n’ai jamais aimé personne
        Ayant au monde un nom.
 
J’ai brûlé plus d’un cœur dont j’ai foulé la cendre,
Mais je restai toujours comme la Salamandre,
        Froid au milieu du feu.
J’avais un idéal frais comme la rosée,
Une vision d’or, une opale irisée
        Par le regard de Dieu ;
 
Femme, comme jamais sculpteur n’en a pétrie,
Type réunissant Cléopâtre et Marie,
        Grâce, pudeur, beauté ;
Une rose mystique, où nul ver ne se cache,
Les ardeurs du volcan et la neige sans tache
        De la virginité !
 
Au carrefour douteux, Y grec de Pythagore,
J’ai pris la branche gauche et je chemine encore
        Sans arriver jamais.
Trompeuse volupté, c’est toi que j’ai suivie,
Et peut-être, ô vertu ! l’énigme de la vie ;
        C’est toi qui la savais.
 
Que n’ai-je, comme Faust, dans ma cellule sombre,
Contemplé sur le mur la tremblante penombre
        Du microcosme d’or !
Que n’ai-je, feuilletant cabales et grimoires,
Auprès de mon fourneau, passé les heures noires
        À chercher le trésor !
 
J’avais la tête forte, et j’aurais lu ton livre
Et bu ton vin amer, Science, sans être ivre
        Comme un jeune écolier.
J’aurais contraint Isis à relever son voile ;
Et du plus haut des cieux fait descendre l’étoile
        Dans mon noir atelier.
 
N’écoutez pas l’amour car c’est un mauvais maître ;
Aimer, c’est ignorer, et vivre c’est connaître.
        Apprenez, apprenez ;
Jetez et rejetez à toute heure la sonde ;
Et plongez plus avant sous cette mer profonde
        Que n’ont fait vos aînés.
 
Laissez Léviathan souffler par ses narines,
Laissez le poids des mers au fond de vos poitrines
        Presser votre poumon.
Fouillez les noirs écueils qu’on n’a pu reconnaître,
Et dans son coffre d’or vous trouverez peut-être
        L’anneau de Salomon !
 
 
 

Chapitre VIII


Ainsi parla don Juan, et sous la froide voûte,
Las, mais voulant aller jusqu’au bout de la route,
        Je repris mon chemin.
Enfin je débouchai dans une plaine morne
Qu’un ciel en feu fermait à l’horizon sans borne,
        D’un cercle de carmin.
 
Le sol de cette plaine était d’un blanc d’ivoire,
Un fleuve la coupait comme un ruban de moire
        Du rouge le plus vif.
Tout était ras ; ni bois, ni clocher, ni tourelle,
Et le vent ennuyé la balayait de l’aile
        Avec un ton plaintif.
 
J’imaginai d’abord que cette étrange teinte,
Cette couleur de sang dont cette onde était peinte,
        N’était qu’un vain reflet ;
Que la craie et le tuf formaient ce blanc d’ivoire,
Mais je vis que c’était (me penchant pour y boire)
        Du vrai sang qui coulait.
 
Je vis que d’os blanchis la terre était couverte,
Froide neige de morts, où nulle plante verte,
        Nulle fleur ne germait ;
Que ce sol n’était fait que de poussière d’homme,
Et qu’un peuple à remplir Thèbes, Palmyre et Rome
        Était là qui dormait.
 
Une ombre, dos voûté, front penché, dans la brise
Passa. C’était bien LUI, la redingote grise
        Et le petit chapeau.
Un aigle d’or planait sur sa tête sacrée,
Cherchant, pour s’y poser, inquiète effarée,
        Un bâton de drapeau.
 
Les squelettes tâchaient de rajuster leurs têtes,
Le spectre du tambour agitait ses baguettes
        À son pas souverain ;
Une immense clameur volait sur son passage,
Et cent mille canons lui chantaient dans l’orage
        Leur fanfare d’airain.
 
Lui ne paraissait pas entendre ce tumulte,
Et, comme un Dieu de marbre, insensible à son culte,
        Marchait silencieux ;
Quelquefois seulement, comme à la dérobée,
Pour retrouver au ciel son étoile tombée
        Il relevait les yeux.
 
Mais le ciel empourpré d’un reflet d’incendie,
N’avait pas une étoile, et la flamme agrandie
        Montait, montait toujours.
Alors, plus pâle encor qu’aux jours de Sainte-Hélène,
Il refermait ses bras sur sa poitrine pleine
        De gémissements sourds.
 
Quand il fut devant nous : Grand empereur, lui dis-je,
Ce mot mystérieux que mon destin m’oblige
        À chercher ici-bas,
Ce mot perdu que Faust demandait à son livre,
Et don Juan à l’amour, pour mourir ou pour vivre,
        Ne le sauriez-vous pas ?
 
Ô malheureux enfant ! dit l’ombre impériale,
Retourne-t’en là-haut, la bise est glaciale
        Et je suis tout transi.
Tu ne trouverais pas, sur la route, d’auberge
Où réchauffer tes pieds, car la mort seule héberge
        Ceux qui passent ici.
 
Regarde... C’en est fait. L’étoile est éclipsée,
Un sang noir pleut du flanc de mon aigle blessée
        Au milieu de son vol.
Avec les blancs flocons de la neige éternelle,
Du haut du ciel obscur, les plumes de son aile
        Descendent sur le sol.
 
Hélas ! je ne saurais contenter ton envie ;
J’ai vainement cherché le mot de cette vie,
        Comme Faust et don Juan,
Je ne sais rien de plus, qu’au jour de ma naissance,
Et pourtant je faisais dans ma toute-puissance,
        Le calme et l’ouragan.
 
Pourtant l’on me nommait par excellence, L’HOMME :
L’on portait devant moi l’aigle et les faisceaux, comme
        Aux vieux Césars romains :
Pourtant j’avais dix rois pour me tenir ma robe,
J’étais un Charlemagne emprisonnant le globe
        Dans une de mes mains.
 
Je n’ai rien vu de plus du haut de la colonne
Où ma gloire, arc-en-ciel tricolore, rayonne
        Que vous autres d’en bas.
En vain de mon talon j’éperonnais le monde,
Toujours le bruit des camps et du canon qui gronde,
        Des assauts, des combats.
 
Toujours des plats d’argent avec des clefs de villes,
Un concert de clairons et de hurrahs serviles,
        Des lauriers, des discours ;
Un ciel noir, dont la pluie était de la mitraille,
Des morts à saluer sur tout champ de bataille.
        Ainsi passaient mes jours.
 
Que ton doux nom de miel, Laetitia ma mère,
Mentait cruellement à ma fortune amère !
        Que j’étais malheureux !
Je promenais partout ma peine vagabonde,
J’avais rêvé l’empire, et la boule du monde
        Dans ma main sonnait creux.
 
Ah ! le sort des bergers, et le hêtre où Tytire
Dans la chaleur du jour à l’écart se retire
        Et chante Amaryllis,
Le grelot qui résonne et le troupeau qui bêle,
Le lait pur ruisselant d’une blanche mamelle
        Entre des doigts de lys !
 
Le parfum du foin vert et l’odeur de l’étable,
Le pain bis des pasteurs, quelques noix sur la table,
        Une écuelle de bois ;
Une flûte à sept trous jointe avec de la cire,
Et six chèvres, voilà tout ce que je désire,
        Moi, le vainqueur des rois.
 
Une peau de mouton couvrira mes épaules,
Galathée en riant s’enfuira sous les saules
        Et je l’y poursuivrai :
Mes vers seront plus doux que la douce ambroisie,
Et Daphnis deviendra pâle de jalousie
        Aux airs que je jouerai.
 
Ah ! je veux m’en aller de mon île de Corse,
Par le bois dont la chèvre en passant mord l’écorce,
        Par le ravin profond,
Le long du sentier creux où chante la cigale,
Suivre nonchalamment en sa marche inégale
        Mon troupeau vagabond.
 
Le Sphinx est sans pitié pour quiconque se trompe,
Imprudent, tu veux donc qu’il t’égorge et te pompe
        Le pur sang de ton cœur ;
Le seul qui devina cette énigme funeste
Tua Laïus son père et commit un inceste :
        Triste prix du vainqueur !
 
 
 

Chapitre IX


Me voilà revenu de ce voyage sombre,
Où l’on n’a pour flambeaux et pour astre dans l’ombre
        Que les yeux du hibou ;
Comme après tout un jour de labourage, un buffle
S’en retourne à pas lents, morne et baissant le muffle,
        Je vais ployant le cou.
 
Me voilà revenu du pays des fantômes ;
Mais je conserve encor loin des muets royaumes,
        Le teint pâle des morts.
Mon vêtement pareil au crêpe funéraire
Sur une urne jeté, de mon dos jusqu’à terre,
        Pend au long de mon corps.
 
Je sors d’entre les mains d’une mort plus avare
Que celle qui veillait au tombeau de Lazare ;
        Elle garde son bien :
Elle lâche le corps mais elle retient l’âme ;
Elle rend le flambeau, mais elle éteint la flamme,
        Et Christ n’y pourrait rien.
 
Je ne suis plus, hélas ! que l’ombre de moi-même,
Que la tombe vivante où gît tout ce que j’aime,
        Et je me survis seul,
Je promène avec moi les dépouilles glacées
De mes illusions, charmantes trépassées
        Dont je suis le linceul.
 
Je suis trop jeune encor, je veux aimer et vivre,
Ô mort... et je ne puis me résoudre à te suivre
        Dans le sombre chemin ;
Je n’ai pas eu le temps de bâtir la colonne
Où la gloire viendra suspendre ma couronne ;
        Ô mort, reviens demain !
 
Vierge aux beaux seins d’albâtre, épargne ton poète,
Souviens-toi que c’est moi qui le premier t’ai faite
        Plus belle que le jour ;
J’ai changé ton teint vert en pâleur diaphane,
Sous de beaux cheveux noirs j’ai caché ton vieux crâne,
        Et je t’ai fait la cour.
 
Laisse-moi vivre encor, je dirai tes louanges,
Pour orner tes palais, je sculpterai des anges,
        Je forgerai des croix ;
Je ferai dans l’église et dans le cimetière
Fondre le marbre en pleurs et se plaindre la pierre
        Comme au tombeau des rois !
 
Je te consacrerai mes chansons les plus belles :
Pour toi j’aurai toujours des bouquets d’immortelles
        Et des fleurs sans parfum.
J’ai planté mon jardin, ô mort, avec tes arbres ;
L’if, le buis, le cyprès y croisent sur les marbres
        Leurs rameaux d’un vert brun.
 
J’ai dit aux belles fleurs, doux honneur du parterre,
Au lys majestueux ouvrant son blanc cratère,
        À la tulipe d’or,
À la rose de mai que le rossignol aime,
J’ai dit au dahlia, j’ai dit au chrysanthème,
        À bien d’autres encor.
 
Ne croissez pas ici ! cherchez une autre terre,
Frais amours du printemps ; pour ce jardin austère
        Votre éclat est trop vif :
Le houx vous blesserait de ses pointes aiguës,
Et vous boiriez dans l’air le poison des ciguës,
        L’odeur âcre de l’if.
 
Ne m’abandonne pas, ô ma mère, ô nature,
Tu dois une jeunesse à toute créature,
        À toute âme un amour ;
Je suis jeune et je sens le froid de la vieillesse,
Je ne puis rien aimer. Je veux une jeunesse,
        N’eût-elle qu’un seul jour.
 
Ne me sois pas marâtre, ô nature chérie,
Redonne un peu de sève à la plante flétrie
        Qui ne veut pas mourir ;
Les torrents de mes yeux ont noyé sous leur pluie
Son bouton tout rongé que nul soleil n’essuie,
        Et qui ne peut s’ouvrir.
 
Air vierge, air de cristal, eau principe du monde,
Terre qui nourris tout, et toi flamme féconde,
        Rayon de l’œil de Dieu,
Ne laissez pas mourir, vous qui donnez la vie,
La pauvre fleur qui penche et qui n’a d’autre envie
        Que de fleurir un peu !
 
Étoiles, qui d’en haut voyez valser les mondes,
Faites pleuvoir sur moi, de vos paupières blondes,
        Vos pleurs de diamant ;
Lune, lys de la nuit, fleur du divin parterre,
Verse-moi tes rayons, ô blanche solitaire,
        Du fond du firmament !
 
Œil ouvert sans repos au milieu de l’espace,
Perce, soleil puissant, ce nuage qui passe !
        Que je te voie encor ;
Aigles, vous qui fouettez le ciel à grands coups d’ailes :
Griffons, au vol de feu, rapides hirondelles,
        Prêtez-moi votre essor !
 
Vents, qui prenez aux fleurs leurs âmes parfumées
Et les aveux d’amour aux bouches bien aimées,
        Air sauvage des monts,
Encor tout imprégné des senteurs du melèze,
Brise de l’Océan où l’on respire à l’aise,
        Emplissez mes poumons !
 
Avril, pour m’y coucher, m’a fait un tapis d’herbe ;
Le lilas sur mon front s’épanouit en gerbe,
        Nous sommes au printemps.
Prenez-moi dans vos bras, doux rêves du poète,
Entre vos seins polis, posez ma pauvre tête
        Et bercez-moi longtemps.
 
Loin de moi, cauchemars, spectres des nuits ! Les roses,
Les femmes, les chansons, toutes les belles choses
        Et tous les beaux amours,
Voilà ce qu’il me faut. Salut, ô muse antique,
Muse au frais laurier vert, à la blanche tunique
        Plus jeune tous les jours !
 
Brune aux yeux de lotus, blonde à paupière noire,
Ô Grecque de Milet, sur l’escabeau d’ivoire
        Pose tes beaux pieds nus,
Que d’un nectar vermeil la coupe se couronne !
Je bois à ta beauté d’abord, blanche Théone,
        Puis aux dieux inconnus.
 
Ta gorge est plus lascive et plus souple que l’onde ;
Le lait n’est pas si pur et la pomme est moins ronde.
        Allons, un beau baiser,
Hâtons-nous, hâtons-nous. Notre vie, ô Théone,
Est un cheval ailé que le temps éperonne ;
        Hâtons-nous d’en user.
 
Chantons Io, Péan ! Mais quelle est cette femme
Si pâle sous son voile ? Ah ! c’est toi, vieille infâme,
        Je vois ton crâne ras ;
Je vois tes grands yeux creux, prostituée immonde,
Courtisane éternelle environnant le monde
        Avec tes maigres bras !
 

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