Paul Claudel(1868-1955) Connaissance de l'Est(1907) 1895 — 1905Fêtе dеs mоrts lе sеptièmе mоis Lе Ρrоmеnеur 1900 — 1905 |
Paul ClaudelConnaissance de l'Est, 1907 ![]()
En juin, la main armée d’un bâton tortueux, tel que le dieu Bishamon, je suis ce passant inexplicable que croise le groupe naïf de paysannes rougeaudes, et le soir, à six heures, alors que la nue d’orage dans le ciel indéfiniment continue l’escalade monstrueuse de la montagne, sur la route abîmée cet homme seul. Je ne suis allé nulle part, mes démarches sont sans but et sans profit ; l’itinéraire du soldat et du marchand, la piété de la femme stérile qui dans un espoir humilié fait sept fois le tour du saint Pic, n’ont point de rapport avec mon circuit. La piste tracée par le pas ordinaire ne séduit le mien qu’assez loin pour m’égarer, et bientôt, gêné par la confidence qu’il y a pour faire à la mousse, au cœur de ces bois, une noire feuille de camélia par la chute d’un pleur inentendu, soudain, maladroit chevreuil, je fuis, et par la solitude végétale, je guette, suspendu sur un pied, l’écho. Que le chant de ce petit oiseau me paraît frais et risible ! et que le cri là-bas de ces grolles m’agrée ! Chaque arbre a sa personnalité, chaque bestiole son rôle, chaque voix sa place dans la symphonie ; comme on dit que l’on comprend la musique, je comprends la nature, comme un récit bien détaillé qui ne serait fait que de noms propres ; au fur de la marche et du jour, je m’avance parmi le développement de la doctrine. Jadis, j’ai découvert avec délice que toutes les choses existent dans un certain accord, et maintenant cette secrète parenté par qui la noirceur de ce pin épouse là-bas la claire verdure de ces érables, c’est mon regard seul qui l’avère, et, restituant le dessein antérieur, ma visite, je la nomme une révision. Je suis l’Inspecteur de la Création, le Vérificateur de la chose présente ; la solidité de ce monde est la matière de ma béatitude ! Aux heures vulgaires nous nous servons des choses pour un usage, oubliant ceci de pur, qu’elles soient ; mais quand, après un long travail, au travers des branches et des ronces, à Midi, pénétrant historiquement au sein de la clairière, je pose ma main sur la croupe brûlante du lourd rocher, l’entrée d’Alexandre à Jérusalem est comparable à l’énormité de ma constatation. Et je marche, je marche, je marche ! Chacun renferme en soi le principe autonome de son déplacement par quoi l’homme se rend vers sa nourriture et son travail. Pour moi, le mouvement égal de mes jambes me sert à mesurer la force de plus subtils appels. L’attrait de toutes choses, je le ressens dans le silence de mon âme. Je comprends l’harmonie du monde : quand en surprendrai-je la mélodie ?
|
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Vеrlаinе : «Lа Βеllе аu Βоis dоrmаit. Сеndrillоn sоmmеillаit...» Соppéе : Lа Fаmillе du mеnuisiеr Lа Fоntаinе : Lе Lièvrе еt lеs Grеnоuillеs Соppéе : «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» Сhéniеr : Сhrуsé Klingsоr : Lа Ρоulе јаunе Hаrаuсоurt : Αu tеmps dеs féеs Dеspоrtеs : «Lе tеmps légеr s’еnfuit sаns m’еn аpеrсеvоir...» ☆ ☆ ☆ ☆Fоrt : Lе Diаblе dаns lа nuit Τоulеt : «Ιl plеuvаit. Lеs tristеs étоilеs...» Τоulеt : «Νоus јеtâmеs l’аnсrе, Μаdаmе...» Саrсо : Figаrо Lесоntе dе Lislе : Lе Vœu suprêmе Βаnvillе : Déсоr Hugо : Rоndе pоur lеs еnfаnts Ρаsquiеr : Сhаnsоn : «Νаguèrеs vоуаnt сеs bеаuх prés...» Οrléаns : «Dеdаns mоn Livrе dе Ρеnséе...» Cоmmеntaires récеntsDe Сосhоnfuсius sur «Rоnsаrd si tu аs su...» (Αubigné) De Сосhоnfuсius sur Lе Diаblе dаns lа nuit (Fоrt) De Сосhоnfuсius sur Lеs Yеuх gris (Viviеn) De Сurаrе- sur Lе Sоnnеur (Μаllаrmé) De Jаdis sur «Viсtоriеusеmеnt fui lе suiсidе bеаu...» (Μаllаrmé) De Gеоrgеs Lеmаîtrе sur «Lе sоir, аu соin du fеu, ј’аi pеnsé biеn dеs fоis...» (Соppéе) De Jаdis sur Lе Vœu suprêmе (Lесоntе dе Lislе) De Сurаrе- sur Sur lа Сrоiх dе nоtrе Sеignеur — Sа Саusе (Drеlinсоurt) De Сurаrе- sur «Βаrquе, qui vаs flоttаnt sur lеs éсuеils du mоndе...» (Duplеssis-Μоrnау) De Jаdis sur Sоnnеt d’Αutоmnе (Βаudеlаirе) De Сhristiаn sur «J’еntrаis сhеz lе mаrсhаnd dе mеublеs, еt là, tristе...» (Νоuvеаu) De Ρépé Hаsh sur «Сеpеndаnt qu’аu pаlаis dе prосès tu dеvisеs...» (Du Βеllау) De Сurаrе_ sur Sоnnеt : «Quаnd је rеpоsеrаi dаns lа fоssе, trаnquillе...» (Gоudеаu) De Сurаrе_ sur Lе Τоmbеаu dе Сhаrlеs Βаudеlаirе (Μаllаrmé) De Vinсеnt sur Τоmbеаu du Ρоètе (Dеubеl) De Xi’аn sur «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...» (Τоulеt) De Lа Μusеrаntе sur Соntrе Ligurinus : «Τоut lе mоndе tе fuit...» (Dubоs) De Vinсеnt sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Xi’аn sur Lе Суgnе (Rеnаrd) De Xi’аn sur «Sаintе Τhérèsе vеut quе lа Ρаuvrеté sоit...» (Vеrlаinе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |
![]() |