Paul Claudel(1868-1955) Connaissance de l'Est(1907) 1895 — 1905Fêtе dеs mоrts lе sеptièmе mоis 1900 — 1905Lа Lаmpе еt lа Сlосhе |
Paul ClaudelConnaissance de l'Est, 1907 ![]()
De cette attente de tout l’univers (et de mon malheur d’être vivant), l’une est le signe et l’autre l’expression, l’une, la durée même, et l’autre, tout à coup sonore, un moment. L’une mesure le silence, et l’autre approfondit l’obscurité ; l’une me sollicite et l’autre me fascine. Ô guet ! ô amère patience ! Double vigilance, l’une enflammée et l’autre computatrice ! La nuit nous ôte notre preuve, nous ne savons plus où nous sommes. Lignes et teintes, cet arrangement, à nous personnel, du monde tout autour de nous, dont nous portons avec nous le foyer selon l’angle dont notre œil est à tout moment rapporteur, n’est plus là pour avérer notre position. Nous sommes réduits à nous-mêmes. Notre vision n’a plus le visible pour limite, mais l’invisible pour cachot, homogène, immédiat, indifférent, compact. Au sein de cet obscurcissement, la lampe est, quelque part, quelque chose. Elle apparaît toute vivante ! Elle contient son huile ; par la vertu propre de sa flamme, elle se boit elle-même. Elle atteste cela dont tout l’abîme est l’absence. Comme elle a pris au soir antérieur, elle durera jusqu’à ce feu rose au ciel ! jusqu’à cette suspension de vapeurs pareilles à l’écume du vin nouveau ! Elle a sa provision d’or jusqu’à l’aube. Et moi, que je ne périsse peint dans la nuit ! que je dure jusqu’au jour ! Que je ne m’éteigne que dans la lumière ! Mais si la nuit occlut notre œil, c’est afin que nous écoutions plus, non point avec les oreilles seulement, mais par les ouïes de notre âme respirante à la manière des poissons. Quelque chose s’accumule, mûrit dans le nul et vaste son nombre qu’un coup décharge. J’entends la cloche, pareille à la nécessité de parler, à la résolution de notre silence intestin, la parole intérieure au mot. Pendant le jour nous ne cessons pas d’entendre la phrase avec une activité acharnée ou par tourbillons, que tissent sur la portée continue tous les êtres reliés par l’obligation du chœur. La nuit l’éteint, et seule la mesure persiste. (Je vis, je prête l’oreille). De quel tout est-elle la division ? Quel est le mouvement, qu’elle bat ? Quel, le temps ? Voici pour le trahir l’artifice du sablier et de la clepsydre ; le piège de l’horloge contraint l’heure à éclater. Moi, je vis. Je suis reporté sur la durée ; je suis réglé à telle marche et à tant d’heures. J’ai mon échappement. Je contiens le pouls créateur. Hors de moi, le coup qui soudain résonne atteste à tout le travail obscur de mon cœur, moteur et ouvrier de ce corps. De même que le navigateur qui côtoie un continent relève tous les feux l’un après l’autre, de même, au centre des horizons, l’astronome, debout sur la Terre en marche comme un marin sur sa passerelle, calcule, les yeux sur le cadran le plus complet, l’heure totale. Machination du signe énorme ! L’innombrable univers réduit à l’établissement de ses proportions, à l’élaboration de ses distances ! Aucune période dans le branle des astres qui ne soit combinée à notre assentiment, ni dessein noué par le concert des mondes auquel nous ne soyons intéressés ! Aucune étoile dénoncée par le microscope sur la glace photographique à laquelle je ne sois négatif. L’heure sonne, de par l’action de l’immense ciel illuminé ! De la pendule enfouie au cœur d’une chambre de malade au grand Ange flamboyant qui dans le Ciel successivement gagne tous les points prescrits à son vol circulaire, il y a une exacte réponse. Je ne sers pas à computer une autre heure. Je ne l’accuse pas avec une moindre décision.
© |
Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Τhаlу : L’Îlе lоintаinе Lоrrаin : Déсаdеnсе Βаudеlаirе : Саusеriе Lоrrаin : Lа Μоrt dеs lуs Сrоs : Αu саfé Сrоs : À unе сhаttе Rоllinаt : Lа Dаmе еn сirе Vеrlаinе : Сlаir dе lunе Silvеstrе : Lе Ρlus Dоuх Сhеmin Dеsbоrdеs-Vаlmоrе : Lеs Sépаrés ☆ ☆ ☆ ☆Lоuvеnсоurt : «Lеs fеmmеs еt lа mеr n’оnt riеn dе dissеmblаblе...» Viviеn : Lеs Lèvrеs pаrеillеs Spоndе : «Qui sоnt, qui sоnt сеuх-là, dоnt lе сœur idоlâtrе...» Gаutiеr : «Dаns un bаisеr, l’оndе аu rivаgе...» Lоrrаin : Μiss Μisеr Hugо : Сhаnsоn еn саnоt Viаu : «Τоut у сhеvаuсhе, tоut у fоut...» Соppéе : «Αuprès dе Sаint-Sulpiсе, un spесtасlе оdiеuх...» Hugо : Ρrès d’Αvrаnсhеs Klingsоr : L’Αubеrgе Cоmmеntaires récеntsDe Сосhоnfuсius sur Rеtrаitе (Sаmаin) De Αdа еn Hérаldiе sur «Lеs fеmmеs еt lа mеr n’оnt riеn dе dissеmblаblе...» (Lоuvеnсоurt) De Сосhоnfuсius sur «Βеаuх уеuх, sоrсiеrs еt dоuх, mеs uniquеs flаmbеаuх...» (Μоtin) De Сосhоnfuсius sur Αbаndоnnéе (Lоrrаin) De Αdа еn Hérаldiе sur Lа Ρоrtе vitréе (Lа Villе dе Μirmоnt) De Jаdis sur Lеs Сhrуsаlidеs (Lа Villе dе Μirmоnt) De Αdа еn Hérаldiе sur Ruinеs du сœur (Соppéе) De Сurаrе- sur Саusеriе (Βаudеlаirе) De Jаdis sur Lе Сid (Fоurеst) De Ρеrutz sur Lе Dеuil du mоulin (Соuté) De Krоnеnbоurg sur «Εn un pеtit еsquif épеrdu, mаlhеurеuх...» (Αubigné) De Ρоpаul ΙΙ sur Grееn (Vеrlаinе) De Сurаrе- sur Lа Jumеnt Zizi (Rоllinаt) De Сurаrе- sur «Lа mоrt а tоut mоn biеn еt mоn еspоir étеint...» (Αubin dе Μоrеllеs) De Εsprit dе сеllе sur Lе Μаuvаis Jаrdiniеr (Gilkin) De Vinсеnt sur «Dе Μуrtе еt dе Lаuriеr fеuillе à fеuillе еnsеrrés...» (Rоnsаrd) De ΜаdаmеСоnnаssе sur «Jе sеns unе dоuсеur à соntеr impоssiblе...» (Rоnsаrd) De Vinсеnt sur Dеvаnt dеuх pоrtrаits dе mа mèrе (Νеlligаn) De Соrbеаu sur Lе Сосhоn (Rеnаrd) De Gаrdiеn dеs саnаrds sur L’Εspоir еn Diеu (Μussеt) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |
![]() |