Antoine de Bertin

(1752-1790)

Les Amours

(1780)

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Antoine de Bertin

Les Amours, 1780



C’en est fait, et mon âme émue
Ne peut plus oublier ses traits victorieux.
  Dieux ! quel objet ! Non, jamais sous les cieux
  Rien de si doux ne s’offrit à ma vue.
      Dans ce jardin si renommé,
Où l’Amour vers le soir tient sa cour immortelle,
De cent jeunes beautés elle était la plus belle ;
Elle effaçait l’éclat du couchant enflammé.
Un peuple adorateur, que ce spectacle appelle,
S’ouvrait à son approche interdit et charmé.
Elle marchait, traînant tous les cœurs après elle,
Et laissait sur ses pas l’air au loin embaumé.
Je voulus l’aborder. Ô funeste présage !
Ma voix, mon cœur, mes yeux, parurent se troubler ;
La rougeur, malgré moi, colora mon visage ;
Je sentis fuir mon âme, et mes genoux trembler.
Cependant, entraîné dans la lice éclatante
Où toutes nos beautés, conduites par l’Amour,
De parure et d’attraits disputent tour-à-tour,
Mes regards dévoraient et sa taille élégante,
Et de son cou poli la blancheur ravissante,
      Et, sous la gaze transparente,
D’un sein voluptueux la forme et le contour.
Au murmure flatteur de sa robe ondoyante,
  Je tressaillais ; et l’aile des Zéphyrs,
En soulevant l’écharpe à son côté flottante,
Au milieu des parfums m’apportait les désirs.
      Que dis-je ? L’Amour, l’Amour même...
      Quel enfant ! Oui, j’ai cru le voir,
Se mêlant dans la foule, à la faveur du soir,
M’exciter, me pousser par un pouvoir suprême,
Remplir mon cœur ému d’un séduisant espoir,
Secouer son flambeau sur la Nymphe qu’il aime,
Et sous l’ombrage épais, dans un désordre extrême,
À mes côtés enfin la forcer de s’asseoir.
Ô plaisir ! ô transports ! ô moment plein de charmes !
      Quel feu tendre animait ses yeux !
Déjà d’un cœur timide, étonné de ses feux,
Son silence expliquait les naïves alarmes ;
Mais bientôt un soupir me les raconta mieux,
Et je sentis mes doigts humectés de ses larmes.
Quel son de voix alors, touchant, délicieux,
      Sortit de ses lèvres de rose !
Et quels discours ! Zéphyre en retint quelque chose,
Et le porta soudain à l’oreille des Dieux.
Depuis ce temps je brûle : aucun pavot n’apaise
Les douleurs d’un poison lent à me dévorer.
La nuit, sur le duvet, je me sens déchirer ;
Le plus léger tapis m’importune et me pèse,
Et mes yeux sont, hélas ! toujours prêts à pleurer.
 

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