Antoine de Bertin

(1752-1790)

Les Amours

(1780)

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Antoine de Bertin

Les Amours, 1780


À Eucharis


 
        Que peut demander aux Dieux
        L’amant qui baise tes yeux,
        Et qui t’a donné sa vie ?
        Il ne voit rien sous les cieux
        Qu’il regrette où qu’il envie.
Qu’un autre amasse en paix les épis jaunissants
Que la Beauce nourrit dans ses fertiles plaines ;
Qu’il range sous ses lois vingt troupeaux mugissants,
Que la pourpre de Tyr abreuve encor ses laines ;
      Long-temps, avant l’aube du jour,
      Que l’avide marchand s’éveille,
Et quitte sans pitié le maternel séjour,
Amoureux des travaux qu’il détestait la veille ;
      Qu’il brave et les sables brûlants,
      Et les glaces hyperborées ;
Qu’il fatigue les mers, qu’il enchaîne les vents,
Pour boire le tokai dans des coupes dorées :
J’aime mieux du soleil éviter les chaleurs
Sous l’humble coudrier soumis à ma puissance.
Périssent les trésors, plutôt que mon absence,
Ô ma chère Eucharis, fasse couler tes pleurs !
Que me faut-il à moi ? des routes incertaines
Sous un ombrage frais, de limpides fontaines,
Un gazon toujours vert, des parfums et des fleurs.
        Oui, ma divine maîtresse,
Pourvu que sur mon cœur je presse tes appas,
Qu’importe que la gloire, accusant ma paresse,
Agite le laurier qui m’attend sur ses pas ?
      Loin du tumulte et des alarmes,
Je vivrais avec toi dans le fond des forêts.
Ce bras n’a jusqu’ici manié que des armes ;
Mais disciple, avec toi, de la blonde Cérès,
Je ne rougirais pas de dételer moi-même
      Des bœufs fumans sous l’aiguillon,
De reprendre, le soir, un pénible sillon,
Et de suivre, à pas lents, le soc de Triptolème.
Je ne rougirais pas, sous mes doigts écumants,
De presser avec toi le nectar des abeilles,
D’écarter les voleurs et les oiseaux gourmands,
Ou de compter les fruits qui rompent tes corbeilles.
      Avec toi, d’un front plus riant
      J’accueillerais une aimable indigence,
Que si des Dieux, sans toi, la barbare indulgence
Mettait à mes genoux l’Europe et l’Orient.
Que m’importe l’Euphrate et son luxe superbe ?
Que m’importe Paris et son art dangereux,
Si, tous deux enfoncés dans l’épaisseur de l’herbe,
Ou dans ces blés flottants, dont l’or sur tes cheveux,
Ornement importun, vient se courber en gerbe,
Je te trouve plus belle, et moi plus amoureux ?
Ah ! loin des faux plaisirs dont la richesse abonde,
Crois-moi, l’amant heureux, qui seul au fond du bois
Te caresse au doux bruit et des vents et de l’onde,
Est au-dessus des rois qui gouvernent le monde,
Est au-dessus des Dieux qui gouvernent les rois.
 

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