Ores, plus que jamais, me plaît d’aimer la Muse
Soit qu’en français j’écrive ou langage romain,
Puisque le jugement d’un prince tant humain
De si grande faveur envers les lettres use.
Donc le sacré métier où ton esprit s’amuse
Ne sera désormais un exercice vain,
Et le tardif labeur que nous promet ta main
Désormais pour Francus n’aura plus nulle excuse.
Cependant, mon Ronsard, pour tromper mes ennuis,
Et non pour m’enrichir, je suivrai, si je puis,
Les plus humbles chansons de ta Muse lassée.
Ainsi chacun n’a pas mérité que d’un roi
La libéralité lui fasse, comme à toi,
Ou son archet doré, ou sa lyre crossée.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 24 janvier 2015 à 11h27
Cadran lunaire ------------------
D’azur est le cadran de l’horloge des muses, D’or y sont dessinés de beaux chiffres romains. Pas de meilleur gardien pour le temps des humains, De meilleur surveillant pour voir comme ils en usent.
Quand à rimer ces vers un rhapsode s’amuse, L’exemple des anciens n’est pas suivi en vain ; De sable les écrits que prodigue sa main Font chanter le sureau et danser la méduse.
C’est pour lui le moyen d’échapper à l’ennui, D’orner la Vérité au sortir de son puits Et d’offrir au public sa voix jamais lassée.
Du cadran, cependant, il doit suivre la loi ; De la sorte, il vivra sa vie de bon aloi, Qui la route suivra par les muses tracée.