On donne les degrés au savant écolier,
On donne les états à l’homme de justice,
On donne au courtisan le riche bénéfice,
Et au bon capitaine on donne le collier :
On donne le butin au brave aventurier,
On donne à l’officier les droits de son office,
On donne au serviteur le gain de son service,
Et au docte poète on donne le laurier.
Pourquoi donc fais-tu tant lamenter Calliope
Du peu de bien qu’on fait à sa gentille troppe ?
Il faut, Jodelle, il faut autre labeur choisir
Que celui de la Muse, à qui veut qu’on l’avance :
Car quel loyer veux-tu avoir de ton plaisir,
Puisque le plaisir même en est la récompense ?
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 4 décembre 2016 à 17h19
Mélancolie du paléographe
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J’entretins cet espoir, quand j’étais écolier,
De dompter l’écriture et ses mille artifices ;
Mon propos n’était pas d’en tirer bénéfice,
Ni de me transformer en fier épistolier,
Mais d’aller au hasard, comme un aventurier,
Parmi des manuscrits aux rêveries propices.
Muse des alphabets, je fus à ton service ;
Or mon crâne, jamais, n’a porté des lauriers.
J’eusse aimé rencontrer le scribe en son échoppe
Dont le trait maîtrisé toujours se développe ;
Métier qu’il a bien fait, selon moi, de choisir.
Hélas, au fil des ans, trop lentement j’avance,
Maints écrits n’offrent point la moindre transparence ;
Mais découvrir un signe est toujours un plaisir.