Maraud, qui n’es maraud que de nom seulement,
Qui dit que tu es sage, il dit la vérité :
Mais qui dit que le soin d’éviter pauvreté
Te ronge le cerveau, ta face le dément.
Celui vraiment est riche et vit heureusement
Qui, s’éloignant de l’une et l’autre extrémité,
Prescrit à ses désirs un terme limité :
Car la vraie richesse est le contentement.
Sus donc, mon cher Maraud, pendant que notre maître,
Que pour le bien public la nature a fait naître,
Se tourmente l’esprit des affaires d’autrui,
Va devant à la vigne apprêter la salade :
Que sait-on qui demain sera mort, ou malade ?
Celui vit seulement, lequel vit aujourd’hui.
Clément Marot, heurté dans son entendement...
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Clément Marot, heurté dans son entendement,
Plutôt que de se voir par un cuistre imité :
Au mépris du bon sens, chérirait cécité...
Ne trouvant de censeur à tant d’abaissement.
Pétrarque, pris d’horreur (ou d’épouvantement)
Et ployant sous le joug de la calamité,
Lui ferait un procès, pour qu’à perpétuité :
Ce grimaud soit contraint à l’emprisonnement !
Du Bellay n’aurait pu souffrir, jamais, qu’un traître
Fasse, à coups de labeur, un pastiche apparaître :
Un sonnet contrefait, qui ne vient pas de lui !
Ce féru de Ronsard, quand sa muse est maussade,
Aux rhéteurs policés n’offre rien que du fade :
Du génie outragé, sous des moires d’ennui.