Brusquet à son retour vous racontera, Sire,
De ces rouges prélats la pompeuse apparence,
Leurs mules, leurs habits, leur longue révérence,
Qui se peut beaucoup mieux représenter que dire.
Il vous racontera, s’il les sait bien décrire,
Les mœurs de cette cour, et quelle différence
Se voit de ces grandeurs à la grandeur de France,
Et mille autres bons points, qui sont dignes de rire.
Il vous peindra la forme et l’habit du Saint Père,
Qui comme Jupiter tout le monde tempère,
Avecques un clin d’œil : sa faconde et sa grâce,
L’honnêteté des siens, leur grandeur et largesse,
Les présents qu’on lui fit, et de quelle caresse
Tout ce que se dit vôtre à Rome l’on embrasse.
Les juges arborant les ailes du désir, Dans le ciel souterrain, ont sévère apparence ; Acrobatiques sont leurs grandes révérences, Très attentifs qu’ils sont à ne point rebondir.
Ils visitent le puits, du zénith au nadir, Des deux points mesurant la forte différence, S’arrêtant pour goûter un petit vin de France Dont la dégustation leur procure un soupir.
Tout en bas, le piano fait un boucan d’enfer ; Il semble un vieux dragon sur des jarrets de fer, Et sa danse, pourtant, ne manque point de grâce.
Ne crois, piano sauvage, être un si fort démon : Tu sonneras l’accord plaqué par Philémon, Ce dont un bel album nous conserve la trace.