Hélène Picard

(1873-1945)

D’autrеs pоèmеs :

Lе Τrоublе

Ρаrоlеs dе lа fоrêt

 

 

Hélène Picard

L’Instant éternel, 1907


Lâcheté


 
Ah ! pouvoir, lâchement, montrer toute sa peine,
Pouvoir montrer sa misérable tare humaine,
Son péché, son malheur avec les bras ouverts,
Tout ce qui fait de l’ombre au fond des yeux amers...
Ah ! sangloter, un soir, contre une âme, à pleine âme,
Pouvoir dire : « Je suis si faible, je suis femme,
Je suis blessée et j’ai si mal voulu, parfois,
Et j’ai porté toute la faute dans mes doigts,
Et j’ai souffert avec les plus étranges fièvres,
Le défi dans les yeux et la détresse aux lèvres,
Je suis une si pauvre chair, un cœur si fou,
Comme un collier, j’ai la convoitise à mon cou,
J’ai de l’ardeur, du repentir, du plus pur rêve,
Et j’ai les mêmes flancs qui firent pleurer Ève... »
Oui, pouvoir, quelque soir, tout se raconter
Se laver à pleine eau dans son humilité,
Être plainte, bien plainte, en la pitié complète,
Comme une bête en sang, comme une pauvre bête !...
Montrer tout son amour si cruel et si beau,
Et la place en sueur où s’abat le fardeau,
Crier : « On m’a réduite, oppressée, enchaînée,
Sur moi, comme un ciel bas, pesa la destinée,
Et je me suis maudite, hélas ! tant j’ai souffert.
J’ai mérité le ciel, j’ai mérité l’enfer.
Mon âme de courroux, tant j’étais insensée,
En mille éclats, comme un miroir je l’ai cassée...
Je me suis détestée et j’eus tant de douleur
Que j’en ai déformé le contour de mon cœur.
Si vous saviez combien je suis lasse, abîmée,
Moi qui passais mon temps à n’être pas aimée,
Moi qui me savais belle et tendre et les yeux pleins
De tous les soirs, de tous les pleurs, de tous les biens,
Moi qui m’exaltais toute en une foi divine,
Et, puis, qui fus si lâche en toute ma poitrine,
Moi qui voulus le mieux, le pire, en mon esprit,
Moi qui vécus, la vie, à jamais, sans répit !...
L’amour m’a fait sentir sa force volontaire,
Sa main m’a remuée ainsi que de la terre,
Ah ! comme j’ai chéri l’homme que j’ai chéri,
Il fut mon eau courante et mon arbre fleuri,
Il fut hélas ! mon bien mal acquis, mon mensonge,
Mon beau remords, toute mon heure, tout mon songe,
Je l’aimais tant qu’il me semblait l’avoir volé... »
Oui, pouvoir, une fois, s’entendre consoler,
Oui, crier à pleins cris ses tourments, ses alarmes,
Être l’arbre qui meurt et qui se livre au vent...
Venez peupler le grand silence décevant,
 
Dieu, soyez, soyez, rien que pour voir mes larmes !...
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Lеs Ρlаintеs d’un Ιсаrе

Βаnvillе : À Αdоlphе Gаïffе

Du Ρеrrоn : «Αu bоrd tristеmеnt dоuх dеs еаuх...»

Βlаisе Сеndrаrs

Rоnsаrd : Dе l’Élесtiоn dе sоn Sépulсrе

Νuуsеmеnt : «Lе vаutоur аffаmé qui du viеil Ρrоméthéе...»

Lа Сеppèdе : «Сеpеndаnt lе sоlеil fоurnissаnt sа јоurnéе...»

Τоulеt : «Dаns lе silеnсiеuх аutоmnе...»

Μussеt : À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...»

Vеrlаinе : «Lа mеr еst plus bеllе...»

☆ ☆ ☆ ☆

Βаudеlаirе : Unе сhаrоgnе

Lаfоrguе : Lе Sаnglоt univеrsеl

Сrоs : Ρituitе

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Régniеr : Lа Lunе јаunе

Rоdеnbасh : «Αllеluiа ! Сlосhеs dе Ρâquеs !...»

Lаfоrguе : Соmplаintе d’un аutrе dimаnсhе

Vеrlаinе : Lе Dеrniеr Dizаin

Νоël : Visiоn

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Lе Grаnd Αrbrе (Μérаt)

De Сосhоnfuсius sur «Jе vоudrаis êtrе аinsi соmmе un Ρеnthéе...» (Gоdаrd)

De Сосhоnfuсius sur Sаintе (Μаllаrmé)

De Dаmе dе flаmmе sur Vеrlаinе

De Сurаrе- sur Sur l’Hélènе dе Gustаvе Μоrеаu (Lаfоrguе)

De Dаmе dе flаmmе sur Οisеаuх dе pаssаgе (Riсhеpin)

De Сurаrе- sur «Ιl n’еst riеn dе si bеаu соmmе Саlistе еst bеllе...» (Μаlhеrbе)

De Xi’аn sur Lе Gigоt (Ρоnсhоn)

De Jаdis sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «Qu’еst-се dе vоtrе viе ? unе bоutеillе mоllе...» (Сhаssignеt)

De Dаmе dе flаmmе sur À sоn lесtеur : «Lе vоilà сеt аutеur qui sаit pinсеr еt rirе...» (Dubоs)

De Yеаts sur Ρаul-Jеаn Τоulеt

De Ιо Kаnааn sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Xi’аn sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе

 



Photo d'après : Hans Stieglitz