Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues
Ô jours luisants vainement retournés !
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô mille morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destinés !
Ô pas épars, ô front ardente flamme
Ô douce erreur, ô pensers de mon âme
Qui çà, qui là, me tournez nuit et jour,
Ô vous mes yeux, non plus yeux mais fontaines,
Ô dieux, ô cieux, et personnes humaines,
Soyez pour Dieu témoins de mon amour.
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Déposé par Cochonfucius le 20 septembre 2019 à 11h24
Feuille d’inframonde
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L’automne la saisit, le vent la fait tourner,
Et jusqu’à l’inframonde, elle y est descendue ;
Un démon voit venir la feuille inattendue
Qui dans son beau jardin ne peut plus retourner.
La feuille sur ce point ne veut pas s’obstiner,
Elle doit vivre ici, la chose est entendue ;
Jetant quelques regards sur la sombre étendue,
Elle accepte le sort qui lui fut destiné.
Si le vieux jardinier l’avait livrée aux flammes,
Comme cendre légère aurait erré son âme,
Poussière imperceptible, invisible en plein jour ;
Si elle était tombée dans l’eau d’une fontaine,
Elle aurait entendu le son des voix humaines
Parlant de moins que rien, parlant de leurs amours.