Olivier de Magny


De l’absence de s’amie


 
Après que sur le bord du Rhône,
Et que sur celui de la Saône
J’ai plaint longuement ma douleur,
Je viens aux rivages d’Isère,
Rempli d’amoureuse chaleur,
Lamenter ma vieille misère
S’empirant d’un nouveau malheur.
 
Car plus en moi-même je pense
D’amoindrir mon mal par l’absence,
Ou par l’éloignement des lieux,
Et plus il croît dedans mon âme,
Pour ne voir plus les deux beaux yeux,
Ni les beaux cheveux de ma dame,
Qui peuvent captiver les Dieux.
 
L’amour me fait haïr moi-même,
Le bien me fait un mal extrême,
Et le feu trop chaud me pâlit,
Le repos, hélas ! me travaille,
Le veiller m’est somme, et le lit
M’est un camp de dure bataille,
Où vivant on m’ensevelit.
 
Le pleurer me plaît, et le rire
M’apprête un contraire martyre,
Le repos m’est venin et fiel,
Au lieu de paix j’ai toujours guerre,
Je vois sans yeux, et vole au ciel
Sans jamais départir de terre,
Où jeune je semble être vieil.
 
J’espère et crains d’un seul courage,
Mon profit m’apporte dommage,
Et le jour plus serein qui luit
Ne m’est que ténèbre mortelle,
Bref, j’ai sans fin soit jour ou nuit
D’un vieil désir peine nouvelle,
En suivant celle qui me fuit.
 
Ô beaux yeux bruns de ma maîtresse,
Ô bouche, ô front, sourcil, et tresse,
Ô ris, ô port, ô chant et voix,
Et vous, ô grâces que j’adore !
Pourrai-je bien quelque autre fois
Vous voir et vous ouïr encore
Comme je fis en l’autre mois ?
 
Rivages, monts, arbres et plaines,
Rivières, rochers et fontaines,
Antres, forêts, herbes et prés,
Voisins du séjour de la belle,
Et vous petits jardins secrets,
Je me meurs pour l’absence d’elle,
Et vous vous égayez auprès.
 

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