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Poèmes barbares
Une nuit claire, un vent glacé. La neige est rouge.
Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux,
L’épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.
Au-dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux.
La lune froide verse au loin sa pâle flamme.
Hialmar se soulève entre les morts sanglants,
Appuyé des deux mains au tronçon de sa lame.
La pourpre du combat ruisselle de ses flancs.
— Holà ! Quelqu’un a-t-il encore un peu d’haleine,
Parmi tant de joyeux et robustes garçons
Qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine
Comme des merles dans l’épaisseur des buissons ?
Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure
Est trouée, et la hache a fait sauter ses clous.
Mes yeux saignent. J’entends un immense murmure
Pareil aux hurlements de la mer ou des loups.
Viens par ici, Corbeau, mon brave mangeur d’hommes !
Ouvre-moi la poitrine avec ton bec de fer.
Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes
Porte mon cœur tout chaud à la fille d’Ylmer.
Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière,
Et chantent, en heurtant les cruches d’or, en chœur,
À tire d’aile vole, ô rôdeur de bruyère !
Cherche ma fiancée et porte-lui mon cœur.
Au sommet de la tour que hantent les corneilles
Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.
Deux anneaux d’argent fin lui pendent aux oreilles,
Et ses yeux sont plus clairs que l’astre des beaux soirs.
Va, sombre messager, dis-lui bien que je l’aime,
Et que voici mon cœur. Elle reconnaîtra
Qu’il est rouge et solide, et non tremblant et blême ;
Et la fille d’Ylmer, Corbeau, te sourira !
Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.
J’ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je vais m’asseoir parmi les Dieux, dans le soleil !

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 novembre 2012 à 14h26La bouteille de Byron
Nuit de Cluny, pinard bien frais. Ce vin est rouge.
Mille ivrognes sont là qui vident les tonneaux,
Godet au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.
Autour d’eux, des crapauds noirs comme des corbeaux.
La lune est bleue et verse au loin sa pâle flamme.
Or, Byron se soulève, il est un peu tremblant,
En effet, il est plein comme un hippopotame :
La sueur du pinard ruisselle de ses flancs.
Allons ! dit-il, riant ainsi qu’une baleine,
Où sont tant de joyeux et robustes garçons
Qui, ce matin, buvaient et chantaient à voix pleine
Comme des crapauds dans l’épaisseur des buissons ?
Tous sont muets. Ma dinde a trop bu, sa figure
Est maussade, à toute offre, elle répond « Des clous ! ».
Mes yeux clignent. J’entends un immense murmure
Pareil aux hurlements des crapauds ou des loups.
Viens par ici, Arthur, au secours de tes hommes.
Soigne la cuite avec ton goupillon de fer.
Nous reboirons demain, tous autant que nous sommes.
Porte cette bouteille à Josette aux yeux verts.
Dans Brebipavotte où coule la bonne bière,
Et chantent les buveurs et paillards et braillards,
Vole sur ta grenouille aux ailes de chimère,
Cherche donc Josette et porte-lui ce pinard.
Au sommet de la tour que hantent les corneilles,
Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.
À Leconte de Lisle elle prête l’oreille,
Et ses yeux sont plus verts que l’absinthe au comptoir.
Va, grand roi roturier, dis-lui bien que je l’aime,
Et que voici du vin. Elle reconnaîtra
Qu’il est rouge et solide et non faiblard et blême
Et Josette aux yeux verts, Arthur, te sourira !
Moi, je cherche à nouveau du pinard la blessure.
J’offre un godet. Buvez, crapauds, ce vin vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je me chauffe au pinard, car il est mon Soleil ! [Lien vers ce commentaire]
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