Quand j’aperçois ton blond chef couronné
D’un laurier vert, faire un Luth si bien plaindre,
Que tu pourrais à te suivre contraindre
Arbres & rocs : quand je te vois orné,
Et de vertus dix mille environné,
Au chef d’honneur plus haut que nul atteindre,
Et des plus hauts les louanges éteindre :
Lors dit mon cœur en soi passionné :
Tant de vertus qui te font être aimé,
Qui de chacun te font être estimé,
Ne te pourraient aussi bien faire aimer ?
Et ajoutant à ta vertu louable
Ce nom encor de m’être pitoyable,
De mon amour doucement t’enflammer ?
Commentaire (s)
Déposé par pich24 le 10 avril 2016 à 05h26
Si le sort du classique est d’être couronné
Ne comptez pas sur moi pour au grand jour m’en plaindre ;
Quelques-uns voient sa loi sottement les contraindre
Mais sans risque, en laurier aucun front n’est orné.
Par cet Art du passé, je fus environné,
Pas assez cependant pour espérer l’atteindre,
Mais pour le faire vivre et pour ne pas l’éteindre
Chaque jour je lui couds un vers passionné.
Un vers qui peut ouvrir la bouche au bien-aimé
Qui veut par sa bergère être mieux estimé,
Ou celle d’un oiseau qui nous chante d’aimer.
J’espère qu’on verra que cet effort louable
–Même si pour certains il parait pitoyable –
S’adresse à des cœurs purs qui savent s’enflammer.
Lorsque je vois mon chef téléphoner
À sa maîtresse, et soupirer, et geindre
Que sans attendre il voudrait la rejoindre
N’hésitant pas à la bien flagorner ;
Et, se jugeant toujours insoupçonné,
Impudemment et longuement enfreindre
Le règlement, ses lois, et non des moindres,
Sans mesurer ce qui lui pend au nez,
J’escompte bien qu’il se verra blâmer,
Voire punir, et ne peux réprimer
Par devers moi, un sourire charmé ;
Et je sens que surviendra, délectable,
En dénonçant ce galant pitoyable,
L’augmentation que j’allais réclamer.