Charles Cros

Le Coffret de santal, 1873


Don Juan


 

À Antoine Cros.


Au bord d’un étang bleu dont l’eau se ride
Sous le vent discret d’une nuit d’été,
Parmi les jasmins, foulant l’herbe humide
Avez-vous jamais, rêveur, écouté
 
La voix de la vierge émue et timide
Qui furtive, un soir, pour vous a quitté
Le foyer ami — depuis froid et vide —
Où, les parents morts, plus rien n’est resté ?
 
Parfum de poison, volupté cruelle
D’avoir arraché du sol ce lys frêle
Et d’avoir hâté l’œuvre des tombeaux...
 
Ô destruction de quels âpres charmes
Es-tu donc parée ? Et, voilés de larmes,
Pourquoi les yeux clairs en sont-ils plus beaux ?
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 23 février 2018 à 12h37

Dragon d’azur et d’or
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Un siècle au dragon ne fait pas de rides ;
Il a connu dix mille nuits d’été,
Mais quand il y songe, il a l’oeil humide,
Tant de mots d’amour jadis écoutés !

Pendant son enfance, il fut bien timide ;
Et quand sa jeunesse un jour l’a quitté,
Son coeur se sentit plus qu’à moitié vide.
De sa séduction, plus rien n’est resté ;

La vie, cependant, ne fut pas cruelle
À ce monstre bleu, à ce dragon frêle
Qui voit s’approcher l’ombre d’un tombeau.

Ces années de vie ont eu bien des charmes,
Il ne convient pas de verser des larmes,
Sur un tel destin, qui fut assez beau.

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Déposé par Cochonfucius le 25 mars 2020 à 12h30

Grandeur de la bécasse
------------

L’eau d’un vieil étang doucement se ride,
La bécasse y boit pendant tout l’été ;
Cet oiseau ne craint pas les lieux humides,
L’ondin de la mare aime l’écouter.

La bécasse au bois est un peu timide,
Qui jamais ne veut cet endroit quitter ;
Son coeur est serein mais il n’est pas vide,
À son doux regard, comment résister ?

Bécasse, prends garde aux bêtes cruelles
Qui de leurs longs crocs mordaient ton corps frêle ;
Ou qu’un vieux chasseur te mette au tombeau.

Reste donc en vie, oiseau plein de charme,
Nous écouterons ton rire et tes larmes ;
Ne crains pas le loup ni le noir corbeau.

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Déposé par Cochonfucius le 24 janvier 2023 à 11h48

Distillateur d’étang
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Le Sorcier Grenouille, un jour en Floride,
A plongé dans l’eau le soleil d’été ;
Monte la vapeur de ce monde humide
Et se refroidit sans trop s’agiter.

On ne garde point les dépôts solides,
La liqueur d’étang gagne en qualité ;
Il reste à trouver quelques tonneaux vides
Ayant contenu des jus fermentés.

Le Maître Grenouille en son écuelle
A versé sa part de boisson nouvelle ;
Alors, il pourra dîner aux flambeaux.

Une jeune ondine est là, sous son charme,
Ce sage penseur l’émeut jusqu’aux larmes ;
Son pouvoir est grand, son discours est beau.

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